« Les salariés doivent créer un rapport de forces »

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Entretien avec Francis Raillot (membre du CA de la CNIEG pour CFE-CGC Energies et vice-président de la CNIEG), sur les conséquences de la réforme des retraites, soutenue par le gouvernement, sur le régime des IEG.

Dans la présentation de sa réforme du système de retraite, le gouvernement, comme l’avaient fait les précédents, pointe les régimes spéciaux de retraite comme des niches de privilèges indus et dépassés. Quels commentaires ces déclarations vous inspirent-elles ?

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Le gouvernement présente cette réforme d’unification des régimes de retraite comme une réforme de justice et présentent les régimes spéciaux comme des régimes extrêmement avantageux que l’on doit à tout prix supprimer. Or, au fil des différentes réformes qui se sont succédé depuis 2008, notre régime a convergé sur de nombreux paramètres avec celui de la fonction publique et des régimes privés.

Cette convergence compte tenu des calendriers négociés est toujours en cours. Et on constate d’ores et déjà des effets importants. Par exemple, l’âge moyen des départs en 2018 est globalement très proche de 59 ans et il y fort à parier qu’il continuera à se déplacer au fil du temps vers 62 ans. Je suis d’ailleurs convaincu, et c’est un paradoxe, que sur ce point ceux qui à terme vont travailler « effectivement » le plus longtemps, seront bientôt des agents de la fonction publique et des régimes spéciaux. Il faut hélas constater que trop souvent les employeurs du privé se séparent de leurs salariés âgés plusieurs années avant leur date officielle de leur départ en retraite, laissant à l’assurance chômage le soin de les indemniser.

Il reste un point de divergence avec les autres régimes, c’est celui de la règle de calcul de la retraite sur les salaires, hors primes des six derniers mois. Dans la réforme que le gouvernement nous propose, la retraite des agents serait dorénavant calculée sur l’ensemble de la carrière. Ce mode de calcul aurait des conséquences lourdes sur le niveau de retraite des agents.

Les avez-vous chiffrées ?

Oui. On serait entre 30 et 45 % de baisse probable de pension selon le profil de carrière pour les agents qui n’ont pas ou peu de primes.

Comment justifier cet avantage conséquent ?

Par la gestion de la carrière des agents effectuée par les entreprises. On a tous été reçus, aux alentours de 35 ans, par un « patron » à qui on expliquait qu’on avait une différence de salaire d’au moins 20 à 25 % par rapport à un homologue du privé, et qui nous répondait : « Mais tu auras ta retraite ! » Ça, c’est du vécu pour beaucoup de collègues. Notre rémunération est censée englober à la fois la période d’activité et celle d’inactivité. D’ailleurs, il y a encore peu, on ne parlait pas de retraite ou de pension, mais de salaire d’inactivité de service. Cette réforme met tout le monde dans la même situation, sans tenir compte de ces particularités. M. Macron a lui-même souligné lors d’une interview récente qu’il y a un contrat social passé avec les agents des régimes spéciaux et de la fonction publique et que l’on ne peut pas faire une croix dessus comme cela.

Le régime des IEG est-il à l’équilibre ?

Oui, du point de vue financier notre régime spécial des IEG ne fait pas appel à l’état pour équilibrer les comptes. Il convient de souligner que lors de l’adossement du régime au régime général en 2005, la branche des IEG a versé une soulte de 7,6 milliards d’euros à la Cnav (Caisse nationale d’assurance vieillesse) et que l’adossement à l’Agirc et l’Arrco a été très favorable aux caisses complémentaires ainsi que le note la cour des comptes elle-même dans ces derniers rapports.

Le 5 décembre, trois des fédérations syndicales de l’énergie (CGT, CGC et FO) appellent les salariés à la mobilisation. Pour quel objectif ?

Il est absolument nécessaire, dans la phase que l’on aborde, que les salariés créent un rapport de forces favorable dans les débats qui s’ouvrent. C’est d’autant plus indispensable qu’au sein de l’exécutif on note des divergences profondes d’appréciations entre Mr Delevoye, le Président de la République et le Premier Ministre sur le contenu de la réforme et sur la période de transition devant l’accompagner.

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