Mutilations génitales : comment en finir ?

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©Jean-Luc Boiré/CCAS

Les mutilations génitales féminines sont internationalement considérées comme une violation des droits de la petite fille et de la femme. Illégales dans de nombreux pays, elles sont encore pratiquées, y compris en Europe.

Excision, infibulation… Chaque année, trois millions de petites filles sont sexuellement mutilées, principalement en Afrique de l’Ouest et de l’Est, au Moyen-Orient et en Asie. « Les pratiques ont commencé à reculer mais lentement et de façon variable selon les pays, expliquent Armelle Andro et Marie Lesclingrand, chercheuses à l’Ined*. Dans la quasi-totalité des 30 pays concernés par les mutilations génitales féminines (MGF), seuls 5 n’ont pas encore adopté de loi les interdisant. Le principal facteur de risque est le groupe ethnique d’origine car ces pratiques sont historiquement associées à des rites traditionnels marquant le passage à l’âge adulte qui n’existent pas dans tous les groupes. » L’Organisation mondiale de la santé a clairement établi les effets délétères de ces actes sur la santé physique et mentale des femmes et sur leur vie sexuelle. Outre les conséquences immédiates (hémorragies, problèmes urinaires), les MGF causent aussi des stérilités, des accouchements difficiles, des incontinences. Elles ont de graves répercussions psycho-traumatiques : angoisse, anxiété, dépression.

L’Unicef travaille de longue date à la compréhension des dynamiques qui sous-tendent la perpétuation et l’abandon de l’excision. Elle expliquait ainsi dans une étude de 2010 : « Dans les communautés où elle est pratiquée, la mutilation n’est considérée ni comme dangereuse, ni comme une violation des droits humains. Elle constitue une étape nécessaire dans la bonne éducation d’une fille, une façon de la protéger et, dans de nombreux cas, de lui permettre de se marier. Les parents font exciser leurs filles afin de leur garantir le meilleur futur possible. »

Des mutilations effectuées en milieu médical

Dans la plupart des pays concernés, la majorité des filles sont excisées, avant leur cinquième anniversaire, par des circonciseuses traditionnelles. En outre, de plus en plus de mutilations s’effectuent en milieu médical par des professionnels de santé qui prétendent limiter les risques sanitaires de l’opération. Un dévoiement fortement condamné par les organisations internationales.

« La mondialisation de la circulation des personnes, la révélation de ces pratiques dans certaines régions et la diffusion de formes médicalisées de MGF en font une question de santé publique et de droits humains à l’échelle mondiale », souligne l’étude de l’Ined. Reflet d’une inégalité profondément enracinée entre les sexes, ces mutilations sont internationalement considérées comme une violation des droits de la petite fille. En 2014, selon l’Unicef, l’Égypte était le pays où l’excision était le plus pratiquée alors que les efforts nationaux visant à combattre les MSF ont débuté dans les années 1930, dans le cadre du mouvement d’alphabétisation. Et, en avril 1958, le président Nasser avait rendu un décret les interdisant.

Depuis longtemps, des campagnes nationales de lutte contre cette pratique existent, notamment dans de nombreux pays africains où elles sont presque partout interdites par la loi. Selon les récentes études de l’Unicef dans les pays où existent encore les MGF, la majorité des personnes pense qu’elles devraient être éliminées. Près de deux tiers des garçons et des hommes sont de cet avis, rapporte l’organisme.

Le Groupe pour l’abolition des mutilations sexuelles féminines estime à 53 000 le nombre de femmes mutilées vivant en France et de nombreuses fillettes sont encore menacées de l’être en 2019 dans plusieurs pays européens, selon l’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes.

Ces mutilations sont interdites par la loi française qui protège tous les enfants vivant en France, quelle que soit leur nationalité. La loi s’applique pour les mutilations commises en France, comme à l’étranger (art. 222.16-2 du Code pénal). Les peines encourues vont jusqu’à 20 ans de réclusion criminelle pour des parents ou des exciseuses. Une action en justice peut être engagée vingt ans après la majorité de la victime, c’est-à-dire jusqu’à ses 38 ans.

Pionnière dans la prise en charge des femmes excisées, la France a été le premier pays à rembourser les frais chirurgicaux de réparation.

Les MGF, c’est quoi ?

Excision : ablation totale ou partielle du gland du clitoris et des petites lèvres.

Infibulation : ablation totale ou partielle du gland du clitoris, des petites lèvres et des grandes lèvres. Les deux côtés de la vulve sont alors cousus de telle façon qu’il ne subsiste qu’une minuscule ouverture pour l’écoulement des urines et des règles. Il reste une cicatrice très dure, qu’il faudra inciser au moment d’un rapport sexuel et/ou de l’accouchement.

Sources :

Lire le flyer sur les droits de l’enfant

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