Plan Hercule : et vous, qu’en pensez-vous ?

Plan Hercule : et vous, qu’en pensez-vous ? | Journal des Activités Sociales de l'énergie | 82286 Le Brusc rencontre avec Francois Dos Santos et les beneficiaires sur le projet Hercule

Nicolas Durand, technicien R&D aux Renardières (CMCAS Seine-et-Marne), assistait au débat sur le projet Hercule organisé au centre de vacances du Brusc (Var) le 27 août 2019. ©Joseph Marando/ CCAS

Comment avez-vous entendu parler du projet Hercule ? Qu’est-ce qui vous inquiète le plus dans la séparation des activités d’EDF ? Êtes-vous prêt à vous mobiliser le 19 septembre prochain ? On a recueilli vos témoignages.

« Sans être fataliste, j’ai l’impression que les dés sont jetés. »

Géraldine Deshayes, programmatrice Enedis à la délégation régionale EDF Normandie, CMCAS Haute-Normandie, entrée à EDF en 2007.

« Comme tout nouveau projet au sein des Industries électriques et gazières, ça inquiète… Surtout lorsqu’on décortique (et il faut le faire) un peu plus les contours d’Hercule : une ouverture du capital de la partie qui rapporte et qui est fixe, et une possible renationalisation des autres secteurs. Sans être fataliste, j’ai l’impression que les dés sont jetés.

Et les Activités Sociales, dans tout ça ? Quelles seront les conséquences contribution au financement des Activités Sociales (ex-1 %) déjà amputé ?

Aujourd’hui, malheureusement, on se pose toujours la question de savoir si on conservera nos acquis. Si je suis prête à me mobiliser à l’appel des fédérations syndicales, je regrette cependant le manque de communication, en amont, sur toutes ces transformations successives, que nous avons, nous agent·es, toujours l’impression de subir ! Aussi, je pense qu’il est impératif d’expliquer à chacun le contenu d’Hercule. »

« Il faut agir aux côtés des fédérations syndicales. »

Anne De Coninck, comptable au centre de services partagés comptabilité (CSPC), Campus Smart Side (Saint-Ouen), CMCAS Hauts-de-Seine, entrée à EDF en 2000.

« J’ai été informée du projet via mon organisation syndicale, et je suis allée voir la vidéo (réalisée par la CCAS, ndlr) pour me faire une première idée. Car, malheureusement, dans mon service, c’est très compliqué de parler de tout ça, tant les gens ont l’habitude d’être submergés d’infos, sur lesquelles ils ne s’attardent pas car ils préfèrent se concentrer sur les tâches quotidiennes.

Pour l’heure, d’après ce que j’ai compris, cette scission de l’entreprise n’aura pas d’impact immédiat sur mon poste, mon statut, mais après… Avoir un tel raisonnement signifie ignorer les autres secteurs et faire fi de la solidarité entre agents, de l’avenir des Activités Sociales. Pour moi, c’est impensable. Aussi, je pense qu’il faut agir aux côtés des fédérations syndicales. Car, avancer collectivement, c’est aussi le meilleur moyen de se préserver individuellement. »

« Cela va entraîner la mise en concurrence des salariés. »

Ariane Thénard, comptable fiscalité à EDF Martinique, CMCAS Martinique, entrée à EDF en 2001.

« J’ai entendu parler du projet Hercule par le biais des organisations syndicales. Au premier abord, l’avenir d’EDF inquiète, surtout celui des systèmes électriques insulaires (SEI) [le plan Hercule prévoit de les intégrer à EDF Vert, ouvert à l’actionnariat privé, ndlr]. Je pense que ce projet est dans la continuité des objectifs du gouvernement de privatiser les sociétés de services publics, de France Télécom à la SNCF. En bref, faire du profit au détriment de la population.

Diviser EDF en deux secteurs ne peut qu’entraîner des déséquilibres, une perte de solidarité et d’emplois, avec une mise en concurrence des salariés, des différences de traitement et à terme une perte du statut pour les agents d’EDF Vert.

Concernant les Activités Sociales, elles seront certainement à la carte, ou disparaîtront à terme. Alors oui, je suis prête à me mobiliser le 19 septembre. Malheureusement, le gouvernement et la classe moyenne, nous ne faisons pas partie du même monde… Mais, l’histoire de la France montre que si les opprimés veulent un changement, une justice, cela passe plus souvent que rarement par le rapport de forces ! »

« Les organisations syndicales n’ont pas su faire de pédagogie. »

Yannick Nolot, commercial à EDF et ancien gazier, CMCAS Haute-Bretagne.

« J’ai eu vent du projet en lisant un article publié sur le site de notre CMCAS, que j’ai d’ailleurs jugé bon de partager. Il est de notre responsabilité en tant que salarié de donner le plus de visibilité possible aux informations touchant l’entreprise. Les responsables de la CMCAS ont bien fait leur travail en mettant à la disposition des lecteurs de nombreux articles annexes pour les aider à mieux comprendre la nature de ce projet.

Les fédérations syndicales feraient bien de s’en inspirer. Pour le coup, ils n’ont pas su faire de suffisamment de pédagogie. Le projet Hercule n’est rien d’autre qu’une nouvelle étape dans le processus de démantèlement du modèle d’EDF débuté il y a déjà une quinzaine d’années. Quoi qu’en dise le gouvernement, il n’y a pour l’instant aucune garantie sur le maintien de nos acquis. »

« Je suis surpris que cette restructuration ne soit pas survenue plus tôt. »

Jean-Pierre Cholot, comptable EDF à la retraite, CMCAS Essonne.

« J’ai entendu parler de ce projet à la télévision, je trouve que la communication en interne sur le sujet est insuffisante. Ce n’est qu’une nouvelle étape dans le processus d’ouverture à la concurrence du secteur de l’énergie voulue par les instances européennes. À vrai dire, je suis assez surpris que cette restructuration ne soit pas survenue plus tôt. Difficile de se faire un avis sur le sujet vu le peu d’informations dont on dispose à l’heure actuelle.

On a tout lieu de s’inquiéter quant au devenir des salariés d’Enedis.

J’en veux aux syndicats qui n’ont pas réussi à mettre leurs querelles de côté pour tenir un discours cohérent et se regrouper quand ils étaient encore en capacité de mobiliser en grand nombre. Ils se sont enfermés dans une posture trop militante au lieu de miser sur la pédagogie. C’est assez triste que l’on ne parvienne pas à trouver un terrain d’entente entre nous alors que c’est quand même l’avenir de l’entreprise qui est en jeu. »

« On est obligé de penser à l’avenir des collègues. »

Thibaut Vercueil, ingénieur production au groupe d’exploitation hydraulique (GEH) Durance-Verdon, CMCAS Marseille, entré à EDF en 2010.

« On pourrait penser que le projet est une bonne chose pour le secteur de la « grande hydraulique », puisque ce serait comme une bouée de sauvetage qui éviterait la mise en concurrence des concessions prévue depuis des années… Il ne faut pas s’arrêter à cette analyse simpliste. Et je trouve que l’on reste sur des hypothèses, et que ce projet est flou.

Dans un premier temps, on regarde l’impact du projet sur notre activité et notre situation, mais on est obligé de penser à l’avenir des collègues d’Enedis, de la branche commerce… car on conserve « l’esprit entreprise », du service public, et d’une entreprise EDF qui doit rester maître – de la production à la commercialisation jusqu’à la distribution chez l’abonné. Or, depuis des années, on met des barrières entre les services, ce qui, à mon sens, est contre-productif.

En tant que convaincu, et non syndiqué, je serai attentif et concerné par le mouvement du 19 septembre. Même si je pense que ce genre de mobilisation démontre que l’on n’est pas écoutés au quotidien dans nos remontées du terrain. »

« Je suis prêt à me mobiliser le 19 septembre prochain. »

Nicolas Durand, technicien recherche et développement au laboratoire des matériels électriques des Renardières, CMCAS Seine-et-Marne, entré à EDF en 2014.

« J’ai découvert le projet par mail, par le biais des organisations syndicales. Déjà, je trouve qu’informer les gens de cette manière n’est pas très judicieux. En effet, nous sommes submergés d’infos via le Net et celle-ci, d’une importance apparemment capitale, risque de se perdre. Aussi, je n’ai pas vraiment d’éléments probants pour évoquer le projet. Même si je peux aisément en imaginer les contours.

Un affaiblissement d’EDF, les collègues d’Enedis et du commerce en danger…

Sans savoir réellement quel sera l’impact direct sur mon secteur et mon poste, je me sens bien évidemment concerné et solidaire. Et, sans être syndiqué, je suis prêt à me mobiliser le 19 septembre, car je suis bien conscient que dans nos entreprises, lorsqu’on commence à vouloir démanteler les services, les conséquences risquent d’être fâcheuses pour tout le monde. »

« Protéger le nucléaire ? Je n’y crois pas. »

Pascal Ausselin, chargé d’affaires robinetterie au CNPE du Bugey, CMCAS Bourg-en-Bresse, entré à EDF en 2013.

« Je ne suis pas syndiqué mais je m’informe au fur et à mesure auprès des syndicats. Et j’ai toujours suivi un mouvement de grève lorsqu’il représente à mes yeux une réelle valeur. Je serai encore une fois solidaire sur ce volet. D’après ce que j’ai compris, les directions, le gouvernement veulent scinder l’entreprise en deux, pour prétendument « protéger » mon secteur, le nucléaire. Or, pour moi, tout sonne faux, je n’y crois pas.

Le débat auquel j’ai participé lors de mes vacances au Brusc [avec François Dos Santos, secrétaire du CCE d’EDF SA, ndlr] m’a éclairé sur ce point. À partir du moment où les agents seront divisés, l’entreprise en sera automatiquement affaiblie et les autres secteurs, préservés dans un premier temps, en paieront sans aucun doute les conséquences plus tard. Je suis animé de « l’esprit entreprise », et l’histoire me fait dire, en tant que gilet jaune aussi, que c’est collectivement et en nombre qu’on gagne des luttes. Enfin, du moins, quelques revendications. »

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4 Commentaires
  1. Christine Béha 5 ans Il y a

    Bonjour
    Retraitée des IEG depuis 3 ans, je suis de tout cœur avec vous dans ce combat qu’il ne faudra pas lâcher. Il devient grave de vouloir anéantir et d’essayer de réorganiser EDF dans un but de la vendre. Quid des agents de toute unité confondue à long terme ! Battez vous comme l’on fait les anciens afin de ne pas perdre ce magnifique statut n’en déplaise aux gouvernements et Direction complice….

  2. Béhaeghèl Christine 5 ans Il y a

    Oui moi aussi je suis avec vous Ancien agent EDF. Il faut continuer à se mobiliser pour rester Uni et garder cette belle Entreprise soudée et non divisée et jetée dans les mains des actionnaires qui n’en fera que la maltraiter pour les bénéfices. Honte au gouvernement !
    Battez vous pour garder vos acquis comme les anciens se sont battus pour la fierté de faire partie des IEG ! De l’humanité réveillez vous !

  3. tousch daniel 5 ans Il y a

    Je suis de tout coeur avec vous ,.Retraité d’EDF GDF , j’ai été pendant mon activité de toutes les luttes .Il faut préserver , ce que les anciens ont créé .Les insdustries électriques et gazières , des entreprises grandioses et humaines , avec un statut magnifique et des oeuvres sociales 1% uniques au monde du travail .Je suis très fier d’avoir travaillé pour ces établissements .Aux armes citoyens !!!
    Solidairement avec vous .,courage .

  4. Le Guen 5 ans Il y a

    Bonjour.
    Maintenant que je suis en retraite depuis 2006, c’est à vous de vous battre comme nous nous avons fait pour garder un peu de statut d’EDF.
    Bonne chance à vous ….
    Monsieur Le Guen

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