SNCF et IEG : même combat

SNCF et IEG : même combat | Journal des Activités Sociales de l'énergie | 47916 Nicolas Cano et Celine Simon CE Cheminots

La rencontre organisée le 5 avril dernier au siège de la CCAS augure d’un travail commun entre les deux organismes dans le secteur des vacances. ©Stéphane Gravier/ CCAS

Quelles analyses et quelles luttes communes entre les organismes sociaux de la SNCF et des Industries électriques et gazières ? Éléments de réponses lors d’un entretien croisé entre Céline Simon, secrétaire du comité central du groupe ferroviaire, et Nicolas Cano, président de la CCAS.

Pour les agents des IEG comme pour les cheminots, défendre le statut, c’est aussi défendre les Activités Sociales ?

Céline Simon : Tout à fait. La question est autant celle du statut individuel des cheminots que celle du statut de l’entreprise : il faut conserver un EPIC [établissement public à caractère industriel et commercial, statut juridique de la SNCF depuis 1983, ndlr] et lutter contre l’ouverture à la concurrence. Transférer les cheminots dans une autre entreprise affaiblirait de fait nos Activités Sociales (comités d’entreprise et comité central – CCGPF), et leur financement, car la dotation globale, basée sur la masse salariale des cheminots, serait mécaniquement amputée. Et quid du patrimoine et du personnel qui font vivre les Activités Sociales ?

Nicolas Cano : C’est la même chose dans la branche des IEG. La réforme voulue par le président de la République est une histoire malheureusement connue des électriciens et des gaziers, puisque la déréglementation est déjà passée par le secteur de l’énergie, avec tous les effets qui sont aujourd’hui avérés et plutôt néfastes pour les usagers. On nous promet, par la déréglementation, des baisses de tarifs, or c’est l’inverse qui se produit. Au détriment de l’intérêt général et de l’équité de traitement sur l’ensemble du territoire.


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Céline Simon, l’expérience d’EDF-GDF vous intéresse, vous l’observez ?

C. S. : On a bien entendu observé ce qui est arrivé dans toutes les grandes entreprises de service public. Cela a commencé avec les PTT, séparés entre La Poste et France Télécom [en 1990], puis ça a continué avec la privatisation de France Télécom [en 2004]. Suivent les électriciens et gaziers… À la SNCF, nous avons déjà vécu une libéralisation et une ouverture à la concurrence pour le transport de fret, avec un net recul du transport de marchandises par la voie ferrée au profit de la route. On voit bien que l’ouverture à la concurrence est un véritable échec, tant pour le pays que pour la population. Et à chaque fois, les mêmes accusations mensongères nous sont servies : « C’est plus cher, à cause du statut des agents. »

Quel message adressez-vous aux usagers de la SNCF ?

C. S. : La SNCF appartient à la nation. Ce que nous disons aujourd’hui, c’est qu’un·e habitant·e des Pyrénées, des Alpes ou du fin fond de la Creuse doit être traité·e de la même manière que celui ou celle qui va prendre une ligne LGV pour aller travailler à Paris. L’écart qui existe déjà entre les voyageurs ne fera que s’accentuer, et la perspective de la fermeture d’une grande partie du réseau ferré national, par manque d’entretien, de moyens, leur pend au nez. C’est ce qu’ont compris les usagers qui nous soutiennent massivement selon différents sondages.

Nicolas Cano, un mot sur la programmation pluriannuelle de l’énergie initiée par la Commission nationale du débat public : vous invitez les agents des IEG à intervenir dans le débat public ?

N. C. : Absolument. S’il n’y a pas une intervention des agents dans le débat, et plus largement des citoyens, une étape supplémentaire vers la déréglementation du service public de l’énergie sera franchie. S’invite aussi la question de la production hydraulique qu’il est envisagé de privatiser sous couvert d’une directive européenne, et notamment les barrages qui ont été financés par EDF à l’époque entreprise 100 % nationalisée. De fait, ces barrages appartiennent à la nation et à ses citoyens. Il nous faut rompre avec l’idée que seule l’ouverture à la concurrence serait bénéfique pour les usagers du rail, de l’électricité et du gaz. C’est faux, comme le montrent tous les exemples étrangers : la privatisation est synonyme de hausse des tarifs, de baisse de la sécurité et du service rendu, au détriment des usagers et des salariés du secteur.


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C’est donc sur un choix de société que vous vous opposez au choix gouvernemental ?

C. S. : Au lendemain de la COP 21, nous savons que l’un des enjeux de la survie de notre société, d’une manière globale, est la baisse des émissions des gaz à effet de serre. Or la seule solution en la matière est d’assurer un report modal de la route vers le rail. Si on ne le fait pas, cela aura un coût pour la santé publique – il y a aujourd’hui des gens qui meurent de la pollution. Nous avons besoin de repenser le transport dans notre pays, y compris en lien avec l’habitat. Nous avons des propositions progressistes pour une vie en société et en collectivité. C’est la question de la péréquation, car on vit ensemble, en France, quel que soit son lieu d’habitation.

Nicolas Cano, vous demandez que l’énergie ne soit pas une marchandise livrée aux appétits des marchés financiers ?

N. C. : Oui. On constate de plus en plus de précarité énergétique aujourd’hui. Or l’énergie n’est évidemment pas une marchandise, c’est un bien essentiel, voire vital, puisque le manque d’électricité a des conséquences graves sur la santé des gens qui ne peuvent pas se chauffer, sur la scolarité des enfants qui ne peuvent pas faire leurs devoirs dans de bonnes conditions faute de lumière, etc.

Vous avez appelé à manifester en mars et en avril. Vous continuerez à le faire en mai ?

N. C. : Oui, mais ce sont les syndicats qui le feront. Bien évidemment, de par notre histoire sociale, nous serons aux côtés des fédérations syndicales, et inviterons les électriciens et gaziers à suivre toute forme d’action proposée par les fédérations, au vu des enjeux sur l’avenir du secteur énergétique et du rail, soit l’avenir global des services publics en France.

C. S. : L’ensemble des fédérations est dans l’action et sur une plateforme revendicative commune. Nous sommes des syndicalistes, et nous nous inscrivons pleinement dans le combat auprès de nos camarades, en tentant au mieux de pallier les conséquences que le conflit va entraîner.

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2 Commentaires
  1. Michel47 6 ans Il y a

    Bonjour,
    Retraité des IEG (et ancien élève des ENM-EDF), je suis un militant acharné de la « Non ouverture au capital » de TOUTES les entreprises d’utilités publiques tel que la SNCF, EDF GDF, la Poste et les Hôpitaux.
    Mais je me désole de constater que dans toutes les manifestations auxquelles je participe depuis quelques mois sur l’Agenais nous sommes un dizaine d’Agent à nous déplacer.
    Qu’un site comme le CNPE de Golfech (avec un potentiel de 630 Agents environ) ne soit ABSOLUMENT pas représenté même dans la manif du 1er Mai, je trouve ça très démoralisant.
    Là, je suis en colère voir écœurer de voir partir cette Entreprise qui m’a permis d’avoir ce que j’ai et d’être ce que je suis aujourd’hui.
    Ou est la solidarité d’antan ? Disparu…
    Cordialement

  2. HAMELIN 6 ans Il y a

    TOUTES ET TOUS ENSEMBLE MOBILISONS NOUS
    POUR LES SERVICES PUBLICS POUR LES USAGERS
    CHEMINOTS-ÉNERGIES
    MÊME COMBAT
    ON LÂCHE RIEN !!!✊

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