William Fournier, des dépannages à EDF au rêve portugais

William Fournier, des dépannages à EDF au rêve portugais | Journal des Activités Sociales de l'énergie | 87892

William Fournier et son épouse, d’origine portugaise, coulent de beaux jours à Quinta do Conde (25 000 habitants), au centre de la péninsule de Setúbal, dans la zone métropolitaine de Lisbonne. ©Stéphane Sisco/CCAS

Il a commencé par la pose et les dépannages de compteurs à EDF-GDF. Retraité, William Fournier s’est installé au Portugal d’où est originaire son épouse. Avec leurs deux lycéennes de filles, ils se disent heureux de vivre dans un pays à taille humaine où la gentillesse des habitants, le climat favorable et la vie paisible sont autant d’atouts pour ne pas envisager de retour en France.


Itinéraires d’expatriés

Brésil, Portugal, Australie : la rédaction part à la rencontre d’agents expatriés aux quatre coins du monde. Des Industries électriques et gazières à leur vie quotidienne à l’étranger, ils reviennent sur leur choix de quitter la France, sans taire les doutes ni les galères, et tracent des itinéraires singuliers qui méritent chaque fois le détour.

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Le rendez-vous est donné peu avant midi à Quinta do Conde, petite bourgade située à une vingtaine de kilomètres du pont du 25-Avril, qui enjambe le Tage pour rallier Lisbonne, la capitale du pays. C’est ici, dans un pavillon d’un quartier tranquille, que la famille Fournier s’est installée à l’été 2017. Il fait beau et chaud en cette fin octobre et William, en polo à manches courtes, nous accueille tout sourire. Les présentations et un café plus tard, il retisse pour nous le fil de sa vie.

Ils achètent leur maison, leur fille tombe gravement malade

« J’ai commencé ma carrière à EDF-GDF en 1986, à Paris. Au plus bas de l’échelon. Je posais des compteurs et je faisais des dépannages. J’ai travaillé douze ans dans le 18e. Je suis ensuite devenu agent de dépannage de l’électricité publique. » Les formations qu’il suit au sein de l’entreprise lui permettent d’évoluer, mais aussi « de voyager et de ne pas être rattrapé par la lassitude ». Il devient chargé d’affaires avant de s’installer à Clamart, site qui regroupe la moitié du parc national des serveurs informatiques d’EDF-GDF. Puis s’installe à la Défense comme commercial du pôle informatique.

« Ils n’auraient pas dû me prendre. J’ai galéré deux années avant de partir à la retraite à 55 ans. »

En fin de carrière, il signe comme chargé d’affaires sur la haute tension pour Enedis, Porte d’Italie. Une erreur, selon lui. « Je n’aurais pas dû y aller, ils n’auraient pas dû me prendre. J’ai galéré deux années avant de partir à la retraite à 55 ans. » Deux dernières années marquées par la décision de s’expatrier au Portugal et l’achat d’une maison. Mais aussi et surtout par la grave maladie d’une de ses deux filles.

« À 13 ans, Marine a déclaré une leucémie foudroyante. On avait acheté la maison trois jours avant et, forcément, on a revu tous nos plans. Elle a passé six mois à l’hôpital, on ne savait pas trop comment gérer ce qui nous arrivait. » Le départ pour le Portugal est évidemment repoussé. Jusqu’à la guérison qui balaye tous les nuages noirs amoncelés durant deux ans.

La gentillesse des gens, le soleil et la sécurité

La famille Fournier met alors le cap vers la péninsule. « Pourquoi le Portugal ? Mon épouse, née en France, est d’origine portugaise. Mais c’est bien moi qui ai voulu venir ici, précise William. J’adore ce pays, j’adore les gens, j’adore la gentillesse des Portugais. Ça a été mon premier critère quand on s’est décidés il y a plusieurs années à quitter la France. » Depuis vingt ans qu’il y va en vacances, « du sud de l’Algarve au nord du Douro », monsieur a pris le temps d’être conquis.

« À nos yeux, on n’est plus en sécurité en France, surtout dans la région parisienne. »

« On parle souvent de la douceur du climat, c’est vrai qu’avec 300 jours de soleil par an on oublie facilement la grisaille, mais le deuxième critère pour moi est la sécurité, assure-t-il. On s’y sent vraiment bien à ce niveau-là. On n’a plus peur de prendre les transports en commun, de se retrouver dans la foule en se disant : « Et si ça m’arrivait ? » Et on ne parle pas seulement des drames qui ont marqué toute la population. À nos yeux, on n’est plus en sécurité en France, surtout dans la région parisienne. »

Et William de poursuivre : « Je suis né dans la banlieue et je ne la reconnais plus. Il y a trente ou quarante ans, on n’avait pas la même vie. Les gens se connaissaient, s’aidaient, se parlaient. Aujourd’hui, il n’y a plus rien de ça. On se sent agressé en permanence, il y a un climat électrique, c’est triste. Ici, on ressent une grande solidarité. Je retrouve cette sensation de bien-être général. Je retrouve ce que j’ai connu dans mon enfance. » Le savoir-vivre, le respect de l’autre, la politesse. Autant d’atouts versés dans la colonne des avantages du bien-vivre.

BFM-TV en boucle

William jette un œil sur la télé, qu’il dit être allumée en permanence sur BFM-TV. Les sujets du jour reviennent en boucle : « Cambriolages en série dans le nord-est de Paris » ; « Faut-il se faire vacciner contre la grippe ? » ; « Grève de la SNCF : tour de chauffe avant décembre ? » … Pour William, qui ne parle que très peu le portugais, le lien n’est donc pas rompu avec la France.

« Je pense m’être détaché physiquement et mentalement. Je vois ce qui se passe en France mais ça ne m’affecte pas »

« J’ai du mal à comprendre les infos ici, concède-t-il. Je continue de m’intéresser à ce qui se passe en France, j’ai de la famille là-bas. Je sais qu’en ce moment il y a la grève des cheminots. Mais ça ne me touche plus du tout alors qu’avant j’aurais été concerné car je prenais les transports en commun pour aller à Paris. Je pense m’être détaché physiquement et mentalement. Je vois ce qui se passe en France mais ça ne m’affecte pas. » On tente une question politique sur son pays d’adoption qu’il balaie rapidement : « J’ai été conseiller municipal dans notre village en Essonne. Mais je ne veux pas savoir comment le Portugal est gouverné ! »

S’imagine-t-il un jour faire le chemin en sens inverse ? « Il n’y a aucune raison de revenir en France. J’ai des attaches familiales mais on se voit assez souvent, là-bas ou ici. » On le questionne sur le coût de la vie qui apparaît comme un facteur notable. « La vie est en général moins chère ici, c’est vrai. Mais les prix augmentent. On ne voit pas les choses de la même façon quand on est en vacances et quand on y habite. Ici, l’essence est plus chère qu’en France. Mais on s’y retrouve quand même. »

La solidarité en permanence

Si monsieur et madame sont aux anges depuis leur installation au sud de Lisbonne, ça n’a pas été la même chanson pour leurs filles. « Elles avaient 13 ans quand on en a parlé la première fois et elles étaient partantes. Mais elles en avaient 15 quand on est arrivés. En pleine adolescence, ça a été dur de quitter leurs amis. Il y a eu de grosses crises à la maison… Et puis ce n’était pas la joie à l’école. »

« Il y a une approche pédagogique différente avec beaucoup d’attachement pour l’élève. Aujourd’hui, elles sont parmi les meilleures de leur classe. »

Parce qu’elles parlaient déjà un peu portugais, elles ont été scolarisées au lycée à deux pas de la maison. Seules Françaises, elles ont été encouragées par le corps enseignant durant toute la première année de cours. D’autant que l’éducation nationale portugaise a une année d’avance sur le programme français avec une orientation dès la seconde. « Elles ont cru qu’elles n’y arriveraient pas avec des moyennes en chute libre, mais les profs les ont aidées avec des cours de soutien particuliers. Il y a une approche pédagogique différente avec beaucoup d’attachement pour l’élève. Aujourd’hui, elles sont parmi les meilleures de leur classe. »

Il est bientôt l’heure de se quitter. On demande à William s’il a conservé des liens avec ses anciens collègues de travail. « Certains étaient de très bon amis mais les relations s’estompent peu à peu. » La dernière attache qu’il lui reste de son « ancienne » vie est « le Journal des Activités Sociales de l’énergie » qu’il reçoit tous les deux mois dans sa boîte aux lettres. Ces nouvelles alimentent parfois les discussions qu’il a avec les nombreux Français et francophones qui forment le cercle de ses nouveaux amis. « Des gens qui, comme nous, sont venus chercher la tranquillité et le bonheur. On a recréé une vie très sympa au Portugal. Pour nous, ça va bien. »

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2 Commentaires
  1. URSULA BEAU 4 ans Il y a

    Bonjour.
    Je suis intéressée par l’expatriation au Portugal. Pourriez-vous me mettre en contact avec Monsieur William Fournier, svp.
    Par avance, merci.

    • La rédaction 4 ans Il y a

      Bonjour,

      Nous avons transmis votre demande à l’intéressé !

      Bien cordialement,

      La rédaction

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