
Olivier Coustere, président de l’association Trans-Forme, sportif et transplanté rénal, revient sur les enjeux autour du don d’organes. Ici, lors de la Course du coeur en mars 2019. ©Didier Delaine/CCAS
« Si en parler ne tue pas… en parler peut sauver des vies » : à l’occasion de la Journée nationale du don d’organes le 22 juin, et de l’organisation par la CCAS et l’association Trans-Forme d’un webinaire sur le don et la transplantation, le 24 juin, entretien avec Olivier Coustere, président de Trans-Forme.
En France, le don d’organes et de tissus est un geste très encadré. Pouvez-vous en rappeler les principes ?
Olivier Coustere – D’abord, il faut dire que le don d’organes permet de sauver des vies : le receveur peut retrouver une intégrité physique et parfois reprendre ses activités. Le don d’organes s’articule autour de trois principes issus des lois bioéthiques.
Le premier s’appuie sur le consentement présumé du donneur d’organes à moins que, de son vivant, il ait manifesté son désaccord auprès du registre national des refus. Avant tout prélèvement, ce registre est consulté. L’objectif est de savoir si le défunt y est inscrit. Dans le cas contraire, on vérifie auprès de la famille. Pour s’opposer au don, toute personne peut contacter l’Agence de la biomédecine, porter un document sur soi stipulant son refus ou encore en parler avec ses proches.
Le deuxième principe du don, c’est la gratuité. Le don d’organes est un acte de générosité et de solidarité gratuit et la loi n’autorise aucune rémunération en la matière. Enfin, le dernier principe est l’anonymat. Le receveur ne connaît pas le nom du donneur. Et c’est réciproque. Toutefois, les proches du donneur peuvent être informés des organes et tissus prélevés ainsi que du résultat des greffes, s’ils en font la demande.
« Vous avez beau être favorable au don, si vous n’informez pas vos proches de votre position, ils se retrouveront démunis. D’où le message de l’association : prenez une position éclairée et surtout faites-la connaître. »
La majorité des Français·es disent vouloir donner leurs organes après leur décès. Mais, dans les faits, peu le font. Qu’est-ce qui fait encore obstacle au don d’organes ?
On peut noter, un peu, le poids de la religion chez certaines personnes. Je parle des trois religions monothéistes. Mais la résistance principale des familles vient de quelques doutes. Certains pensent que le donneur n’est pas encore décédé au moment du prélèvement ou que son corps va être mutilé. Il faut savoir que l’équipe médicale procède à des analyses, fournit un certificat de décès, etc. Et elle est très attentive à restituer le corps préparé et digne.
Effectivement, 80 % des personnes sont favorables au don de leurs organes. Et pourtant, le taux d’opposition a augmenté : il atteint 36 % alors qu’il était stabilisé à 30 % depuis une trentaine d’années. Cela veut dire que vous avez beau être favorable au don, si vous n’informez pas vos proches de votre position, ils se retrouveront démunis. D’où le message de l’association : prenez une position éclairée et surtout faites-la connaître.
Le don d’organes, c’est aussi une liste de patients en attente d’une greffe…
Aujourd’hui, ce sont plus de 21 000 patients qui sont inscrits sur la liste nationale d’attente. Près de 6 000 greffes ont été réalisées en 2024. Mais il faut retenir tout de même que trois personnes meurent chaque jour faute d’un don. Et le problème est que le nombre de demandeurs croît plus vite que celui des donneurs. C’est pourquoi le public doit impérativement être informé et sensibilisé.
Le 24 juin, un webinaire pour répondre à toutes vos questions
Vous avez des questions sur le don d’organes, vous souhaitez en savoir plus sur les procédures, vos droits, et échanger avec des professionnels du sujet ?
La CCAS et l’association Trans-Forme vous invitent à une conférence animée par des experts le mardi 24 juin à 12 heures.
Entièrement gratuit, ce webinaire vise à mieux faire connaître la loi en France, les chiffres-clés du don et de la greffe, le don du vivant, le don de moelle osseuse, etc. et répondre à vos questions, afin que chacun·e puisse se positionner et surtout informer ses proches de son choix.
Durant le webinaire, vous pourrez échanger en direct, via le chat, avec :
- Patrick Stoop, président de la Commissions Santé, Action Sanitaire et Sociale de la CCAS
- Olivier Coustere, président de l’association Trans-Forme et transplanté rénal
- Docteur Virginie Amilien Frackowiak, de l’Agence de la biomédecine
- le Professeur Olaf Mercier, chirurgien Transplantation pulmonaire et cardiaque à l’Hôpital Marie-Lannelongue
- Docteur Gaëlle Cheisson, anesthésiste-réanimatrice, membre de la Coordination de prélèvement à l’Hôpital Kremlin-Bicêtre