Quand les CMCAS proposent des logements relais solidaires

Quand les CMCAS proposent des logements relais solidaires | Journal des Activités Sociales de l'énergie | 136001 Logements Solidaires a Bethune 2023

Lucas, jeune embauché chez GRTgaz, et sa compagne Claire, étudiante en radiologie, viennent d’emménager dans la Cité Jules-Bassery, grâce à la CMCAS Nord-Pas-de-Calais. C’est leur premier logement. ©Julien Millet/CCAS

S’ils ne peuvent pas constituer une solution pérenne, les logements relais solidaires que proposent les CMCAS, comme à Marseille, à Béthune ou encore à Nantes, n’en demeurent pas moins un précieux refuge face aux aléas de la vie.

Concernant l’accueil de collègues confrontés à une urgence sociale (séparation, violences intrafamiliales, accompagnement d’un proche hospitalisé, surendettement, expulsion, dommages domestiques), chaque CMCAS a son histoire : celle de ses moyens. Si elle dispose d’un ou plusieurs centres de vacances – en pleine propriété ou en propriété partagée – sur son territoire, elle détient évidemment un atout. Ailleurs, c’est une autre histoire. Et même toute une histoire…

En début d’année, la CMCAS Marseille a choisi de transformer en logement d’urgence l’habitation du gardien de sa structure sportive d’Allauch qui partait à la retraite. Deux collègues, un jeune en alternance et une agente corse accompagnant son conjoint hospitalisé, ont pu y être accueillis. « Nous sommes confrontés à une dizaine de demandes de ce type par an, explique Alain Fanguin, le président de la CMCAS. Et combien d’autres ne sont pas formulées… » Alain Fanguin tient aussi à souligner : « Le désengagement de nos entreprises en matière de logement est patent. »

Après la crise, le parcours du combattant

À Nantes, la CMCAS dispose de deux studios dans ses anciens locaux au cœur de la ville. « Nous nous focalisons sur les conditions dans lesquelles peuvent sortir de l’urgence les collègues qui traversent une crise sociale ou familiale « , explique Julien Delaporte, président de la CMCAS Loire-Atlantique Vendée.

Après le moment critique, retrouver un logement pérenne s’assimile trop souvent au parcours du combattant. Dans la métropole nantaise, il y avait 38 000 demandes de logement social en mai 2022, contre 32 400 en 2019. Parallèlement, le nombre de logements attribués est passé de 6 500 en 2018 à 6 000 en 2022.

Récemment, la CMCAS a entamé un partenariat, en cours de finalisation, avec l’Association Saint-Benoît Labre. L’objectif, explique Sandie Petit, secrétaire générale adjointe de la CMCAS, est « d’élargir les possibilités d’accueil d’urgence à tous les bénéficiaires du territoire, et [d’]assurer auprès d’eux un accompagnement dans la recherche d’un relogement sur le périmètre de Nantes Métropole, Vertou, le Vignoble, Chateaubriant et Saint-Nazaire ».

Un refuge temporaire, un soutien continu

Agrémentés de jardins individuels, les pavillons de la Cité Jules-Bassery existent depuis 1954 et appartiennent à la CMCAS Nord Pas-de-Calais.

Agrémentés de jardins individuels, les pavillons de la Cité Jules-Bassery, du nom du président de la CMCAS de l’époque, existent depuis 1954 et appartiennent à la CMCAS Nord Pas-de-Calais. ©Julien Millet/CCAS

À Annezin, petite commune de l’agglomération de Béthune (Pas-de-Calais), les 15 pavillons jumelés et leurs jardins, que tout le monde ici appelle la Cité Jules-Bassery, du nom du président de la CMCAS à l’époque de leur construction, s’alignent sagement, depuis 1954, en un pimpant lotissement.

Propriété de la CMCAS Nord Pas-de-Calais, ce patrimoine exceptionnel a été bâti sur un terrain cédé à l’époque par les entreprises, explique notre guide, Henri Tobo, délégué de la SLVie. « La cité a été édifiée, après la guerre, à l’initiative de la CMCAS, sur des fonds mutualistes », précise-t-il. Un projet inspiré de celui des cheminots de Béthune, bâtisseurs de leurs logements dans le cadre du mouvement associatif d’autoconstruction des Castors, très en vogue à cette époque.

C’est dans l’une de ces maisonnettes que Christiane, 70 ans, célibataire et sans enfant, a trouvé refuge au printemps dernier. Retraitée des Industries électriques et gazières, après trente ans de carrière comme agent de maîtrise, Christiane entre l’année dernière dans la spirale du surendettement. En mars, au terme de la trêve hivernale, son propriétaire l’expulse de son appartement. « Il a fallu que j’arrive à 70 ans pour me retrouver dans une telle situation », déplore-t-elle.

Écrasée par la charge matérielle et mentale, plus isolée que seule, Christiane n’a plus qu’un toit, celui de sa petite voiture. « J’y ai passé trois nuits », raconte-t-elle. Jusqu’à ce qu’un voisin la conduise au service social de sa commune. Comprenant que Christiane est agente EDF, l’assistante sociale alerte la CMCAS. Et, ni une ni deux, la retraitée emménage dans un pavillon de la Cité Bassery, inoccupé depuis de longs mois. « La providence ! », s’exclame Christiane, qui nous fait découvrir son havre de paix et de sécurité, lumineux, propre comme un sou neuf et délicieusement vintage.

Faire avec les personnes bénéficiaires, pas à leur place

« L’accompagnement social recouvre les prestations de la CCAS et celles que la CMCAS met en œuvre localement, comme l’épicerie solidaire, le chèque emploi-service », explique Alexandra, assistante sanitaire et sociale de la CMCAS. Et également, souligne-t-elle, « l’engagement [des] 95 bénévoles du Réseau solidaire« . Toutefois, prévient Henri Tobo, « la solidarité, ce n’est pas faire à la place du bénéficiaire, mais avec lui ».

À l’autre bout de la rue, c’est Lucas qui nous attend. Vingt ans tout rond. Jeune embauché chez GRTgaz, sur un poste d’astreinte après deux ans d’apprentissage, il a quitté il y a six mois le nid familial, à 40 kilomètres de là. Sa situation conforme aux conditions d’attribution d’une habitation. « C’est notre premier logement », confient Lucas et sa compagne, Claire, étudiante en radiologie, à la fois heureux et encore intimidés d’entrer dans leur nouvelle vie.

Ce logement ne sera peut-être pas définitif mais « c’est parti pour trois ans quand même », se rassure Lucas. « Un toit sur la tête, quel que soit l’âge, c’est essentiel à la vie. Ce n’est pas une option », martèle Henri Tobo.

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