Courant d’Art en Entreprise

L'Art dans l'Entreprise Agence EDF de Montpellier avec la CMCAS de Languedoc © Eric Raz/CCAS

L’Art dans l’Entreprise Agence EDF de Montpellier avec la CMCAS de Languedoc © Eric Raz/CCAS

L’entreprise, ce musée… Des œuvres au devant de salariés : la CMCAS Languedoc décline avec DRAC et FRAC la convention cadre signée l’an passé entre CCAS et ministère de la Culture. À EDF Eurêka jusqu’au 19 juin, expo contemporaine, aller-retour.

Deux lampes complotent sur un mur*. Que peuvent-elles bien manigancer, triptyque noir et blanc papier glacé, ainsi encadrées et accrochées dans la salle de repos convertie en salle d’expo ? Sûrement intriguent-elles au sujet des nouveaux venus qui les observent d’un œil investigateur. Critique, voire. Soit, elles se résolvent à prendre la pose pour les salariés en pause, imitées par leurs consœurs d’œuvres. Seule Contrôle SAT joue la rebelle, poursuivant son insolente rotation, étrangère aux interrogations qu’elle suscite.

Il fallait un lundi solaire de juin pour inaugurer une exposition si peu commune, fondée sur un partenariat entre la CMCAS Languedoc, la DRAC et le FRAC Languedoc-Roussillon, et avec EDF Eurêka comme écrin. Un télescopage estampillé « L’entreprise à l’œuvre », voulu et soutenu depuis la signature de la convention cadre « Culture et monde du travail » entre les Activités sociales et le ministère de la Culture en avril 2014.

On aime ou pas, la curiosité est là

© Eric Raz/CCAS

© Eric Raz/CCAS

Six œuvres et une thématique, peut-être « facile » mais surtout « évidente », pour cette première en Languedoc : l’énergie. Lien tangible qui accroche les conseillers montpelliérains du centre de relation clientèle (CRC) d’EDF. Chez Olivier Hombel, agent et correspondant SLVie de Montpellier qui a largement contribué à créer le lien entre CMCAS, FRAC et EDF, transparaît la passion :« on s’aperçoit que l’on peut faire se rencontrer deux mondes parfois très éloignés. Le défi pour le FRAC consistait à adapter l’exposition au lieu, à un environnement qui n’est pas conçu pour. Les œuvres interpellent nos collègues, créent le débat, invitent au partage. Au fur et à mesure que l’on se frotte à l’art, quel qu’il soit, l’intérêt va grandissant ».

Anthony Perotti, conseiller clientèle EDF entreprise, bloque sur ce qui ressemble à un « fusible déstructuré et surdimensionné » renfermant deux néons, pensé par Lilian Bourgeat : « Je suis sensible à l’art en général, contemporain en particulier, notamment ce qui a trait aux nouvelles technologies, à l’innovation. Mais je ne prends pas souvent l’initiative de visiter des lieux d’exposition… Le plus troublant est que le message que souhaite véhiculer l’artiste peut être perçu de mille manières par le public, parfois même à l’inverse de ce qu’il souhaitait transmettre. Le but reste d’interroger, faire réfléchir, que chacun se forge son propre avis. Cet événement en lien avec notre cœur de métier ne peut qu’enrichir la culture, les connaissances des conseillers qui travaillent sur le site. »

© Eric Raz/CCAS L'Art dans l'Entreprise Agence EDF de Montpellier avec la CMCAS de Languedoc

© Eric Raz/CCAS L’Art dans l’Entreprise Agence EDF de Montpellier avec la CMCAS de Languedoc

Opéra : une bâche tendue et un dessin d’Ernest T. – du collectif Taroop et Glabel – actualise une minuscule représentation de Paul Harot parue à l’époque dans les éphémérides. Ce n’est plus d’énergie dont il s’agit, de son manque peut-être, mais d’une vision ironique du monde du travail. Deux « marginaux » discutent : « Je viens de rêver que je travaillais » dit le premier ; « C’est vrai, lui répond l’autre, tu as l’air fatigué ». Devant, Valérie Gonce et Sabrina Guillaud : « ce trait, on dirait du Hergé ! ». Elles « adorent l’idée de faire venir l’art » aux salariés. L’une ne « ressent que peu d’émotions face à l’art contemporain, trop conceptuel » et n’abriterait pas ce genre de pièces chez elle. La seconde apprécie, tout en espérant « une exposition de plus grande ampleur ». Collègues et visiblement amies, Karen le Port, Magalie Giner, Audrey Lascombes et Fanny Garcia prennent le temps d’observer chaque œuvre sur leur temps de pause méridienne : « On ne voit jamais ce genre de propositions dans le cadre de l’entreprise, du privé. Et on ne prend que trop peu sur notre propre temps pour se rendre dans des lieux d’exposition. Nous aimerions que cette initiative soit renouvelée, pérennisée, en abordant pourquoi pas d’autres thématiques. Une invitation à se rendre dans les galeries, les musées, à aller plus loin. »

La médiation, clef de compréhension

Exposer, laisser libre cours au regard, au sentiment, à l’émotion, mais d’abord dire, parler, expliquer. « Cela correspond à notre mission d’élargir à un maximum de personnes l’accès et la connaissance du monde de l’art. Forte de 1 400 œuvres, notre collection doit être diffusée, voyager. Et nous devons la donner à comprendre : on sait que la médiation, l’échange sont les véritables outils pour susciter l’investissement intellectuel de chacun face aux objets. Au fur et à mesure, le jugement reprend ses droits, au-delà des questions de sens. Il n’y a pas de vérité en art », disserte Emmanuel Latreille. Le directeur du FRAC assure lui-même la médiation, permettant la rencontre entre les salariés et Franz West – artiste autrichien aujourd’hui disparu -, son empreinte située entre art, design et objets du quotidien. Comme cette chaîne métallique dressée, figée, supportant une ampoule allumée.Ou la fameuse antenne satellite d’Hamid Maghraoui, soclée sur une poubelle renversée : « elle donne le sentiment de chercher en tournant alors que pour fonctionner, une antenne reste fixe. Donc en tournant elle ne cherche pas. C’est le lieu de l’œuvre d’être un piège à regard ».

© Eric Raz/CCAS Michel Barthas secrétaire général de la CCAS

© Eric Raz/CCAS Michel Barthas secrétaire général de la CCAS

Michel Barthas, secrétaire général de la CCAS rendu sur place invoque ce principe cher aux Activités Sociales : « l’accès à l’art, à cette culture qui rend libre est l’un de nos fondamentaux. Nous voulons avec ces actions non plus intervenir ponctuellement mais tout au long de l’année. Il est primordial que territoires et CMCAS s’emparent de ce projet. Nous pouvons définir de grandes orientations ; si elles ne sont pas portées par les élus de proximité, par les salariés au quotidien, elles ne resteront que vœux pieux ». Ce qu’a réalisé Laurent Salançon et ses équipes, qui ont d’emblée engagé des discussions avec la DRAC, puis avec les entreprises, une fois la convention paraphée nationalement. Et qui ne comptent pas en rester là : « Nous nous inscrivons dans une double démarche, en proposant aux salariés une visite exceptionnelle du FRAC et de « l’envers du décor » à la mi-juin, à l’issue de l’exposition. D’autres pistes sont à l’étude, comme un partenariat avec le lieu d’exposition La Panacée, la proposition de former des salariés intéressés à la médiation, ou encore la tenue d’une résidence d’artiste dans les locaux de GDF Suez [désormais Engie], avec la réalisation d’une œuvre en extérieur sur un ou deux mois, de façon à créer une interaction entre les salariés, y compris ceux qui transitent au restaurant méridien, et l’artiste, une émulation. » Un projet qui verra très certainement le jour dès la prochaine rentrée.

Exposition visible jusqu’au 19 juin sur le site d’EDF Pro – Parc Eurêka, avenue Henri Becquerel – 34000 MONTPELLIER

*Le premier complot, œuvre photographique de l’artiste Marie Bourget

** Une première exposition avait eu lieu sous la férule de la CMCAS Gironde à Mérignac

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