Échos des luttes féministes au forum de la Marche mondiale des femmes

Échos des luttes féministes au forum de la Marche mondiale des femmes | Journal des Activités Sociales de l'énergie | 96865 Marche Mondiale des Femmes

Le parc des sports du Bazacle de la CMCAS Toulouse accueillait le 19 septembre dernier un forum féministe de la Marche mondiale des femmes France. ©Monique Castro/CCAS

Le « forum féministe pour penser demain », organisé par la Marche mondiale des femmes France et Occitanie à l’occasion de la 5e action internationale de la MMF, s’est tenu à Toulouse le 19 septembre dernier, dans un format réduit, en raison de la crise sanitaire. Une journée riches d’échanges destinés à mieux poursuivre les luttes et construire les pensées féministes.

Elles sont venues d’un peu partout en France, arborant un tee-shirt violet ou noir avec le logo de la Marche mondiale des femmes (MMF) : un globe terrestre en forme de symbole féminin, sur lequel des femmes font une ronde. Sous un ciel menaçant, le samedi 19 septembre, une centaine de femmes ont participé à Toulouse au Forum féministe de la MMF France et de la MMF Occitanie, à l’occasion de la 5e action internationale de la MMF.

Un forum qui aurait dû, sans la crise sanitaire liée au Covid-19, s’étaler sur deux jours. « Mais les contraintes sanitaires qu’on nous imposait étaient trop importantes et trop coûteuses, nous avons donc regroupé le programme sur une seule journée », explique Marie-Thé Martinelli, secrétaire nationale du CA de la MMF, et à l’origine de la MMF Occitanie.

Dans les locaux du parc des sports du Bazacle prêté par la CMCAS Toulouse, tout était prêt pour accueillir un public plus nombreux, mais le virus et la crainte que la manifestation ne soit annulée ont conduit certaines participantes à revenir sur leur inscription. Le forum a tout de même réuni de 100 à 200 participantes. À Montreuil pour la MMF de 2010, elles étaient plus de 800…

Ne rien lâcher

« Le forum a pu se tenir à Toulouse grâce la mobilisation, depuis le 8 mars 2020, de très nombreuses associations et organisations de femmes qui, malgré ce contexte très particulier, n’ont rien lâché », se réjouit Nelly Martin, responsable de la MMF Île-de-France. En revanche, les autres manifestations prévues pour cette 5e action internationale, dont le thème était les migrations, n’ont pu se tenir.

La grande action européenne qui devait avoir lieu à Vintimille, en Italie, juste à la frontière avec la France, là où les femmes migrantes sont dans des situations de survie extrêmes, a été annulée. Toujours sur la thématique des migrants, sujet explosif en ces temps d’ascension du péril brun, l’action internationale prévoyait quant à elle un rassemblement sur une triple frontière, où se jouxtent le Honduras, le Guatemala et le Salvador. Il a été également annulé. Dans ces zones de non-droit, la situation s’aggrave : des femmes sont enlevées et tuées, et la sécurité des participantes ne pouvait être assurée.

Autant dire que la centaine de femmes présentes à Toulouse étaient motivées. Elles ont enrichi les débats de réflexions pertinentes et apporté des témoignages précieux lors des différents ateliers qui portaient sur les violences machistes, les parcours de migration des femmes, l’abolition de la prostitution et interdiction de la gestation pour autrui, et l’écoféminisme.

Tout naturellement, la rencontre a été dédiée à la militante Gisèle Halimi, avocate et ancienne députée française qui, entre autres combats, a contribué à la construction de mouvements féministes, et à Nicole Nourigat, militante montpelliéraine de la MMF, elle aussi décédée cette année.

Le temps des « femmages »

Pour rendre une « femmage » – et non pas un hommage – à des femmes engagées, les organisatrices ont fait réaliser des plaques de noms de rues pour Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez, trois Kurdes icônes de l’indépendance, assassinées à Paris le 9 janvier 2013 ; pour Berta Caceres, militante écologiste hondurienne assassinée dans la nuit du 2 au 3 mars 2016 ; pour l’historienne féministe Marie-France Brive, à l’origine de groupe de recherche interdisciplinaire « Simone » (pour Simone de Beauvoir, Simone Veil et Simone Weil) ; ou encore pour Rosette Maleplate, une gitane analphabète et pauvre, dont le fils s’est retrouvé en prison. Elle avait loué un petit appartement en face de la prison et l’a recueilli à sa sortie, puis a accueilli de même tous ceux qui sortaient de prison sans savoir où aller. Elle était surnommée « la marraine des prisonniers ».

Photos Forum des Feminispour Penser demain – 4
Debat Eco-feminisme, conclusion, théâtre, nouveaux noms de rue, témoignages

Publiée par Marche Mondiale des Femmes France sur Samedi 19 septembre 2020

Une courte pièce de théâtre, jouée par deux acteurs professionnels, a raconté le combat d’une femme africaine, venue retrouver son mari en France, et comment elle a su résister à ce dernier, qui voulait la prostituer. L’émotion fut vive quand elle est montée sur scène en personne pour exposer ce qu’elle a vécu. Un autre témoignage a été particulièrement touchant, celui de la maman de Sarah, 19 ans, tuée de cent coups par son compagnon, qui a relaté sa grève de la faim pour essayer de faire reconnaître le crime dont a été victime sa fille. Crime déguisé en suicide, malgré le visage et le corps déformés par les coups.

Malgré son programme chargé, la rencontre toulousaine a proposé deux temps festifs avec un concert de Charq Gharb, un duo de musiciennes palestiniennes composé de Lamar et Mira, qui mêle musique classique et orientale, et les Chorâleuses, une chorale féministe toulousaine, née à l’issue de la MMF de 2005.

Un partenariat constructif

Présente dans les ateliers, organisant les déplacements du piano entre deux averses, répondant au téléphone, tout en mettant la TV en route pour les retransmissions, Marie-Thé Martinelli est l’une des chevilles ouvrières de la journée et la mémoire du mouvement.

C’est de retour de la Marche mondiale des femmes de 2005 à Ouagadougou que des contacts se sont noués, d’abord à l’échelle individuelle puis entre la MMF et la CMCAS. « Des représentantes de la MMF ont commencé à intervenir dans les centres de vacances de la CCAS pour sensibiliser aux violences contre les femmes et à la précarité, les deux combats de la Marche mondiale », précise Carole Luissier, secrétaire générale de la CMCAS Toulouse.

C’est pour cela que, symboliquement, les actions de la MMF démarrent le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, et se terminent le 17 octobre, Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté. La CMCAS Toulouse est adhérente à la MMF depuis 2014, ce qui lui permet de participer à l’organisation des Marches, qui ont lieu tous les cinq ans.


En savoir plus sur le partenariat des Activités sociales avec la MMF

Forum féministe, séjour solidaire : en route pour la Marche mondiale des femmes

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