Graines d’écolos à Fresse-sur-Moselle

Colos Nature des 6-8 ans et des 9-11 ans à Fresse-sur-Moselle (Vosges), octobre 2022.

Colos Nature des 6-8 ans et des 9-11 ans à Fresse-sur-Moselle (Vosges), octobre 2022. ©Pierre Charriau/CCAS

En pleine campagne vosgienne, les enfants de 9 à 11 ans en colo Nature du 24 au 28 octobre se sont interrogés sur les raisons et les conséquences du réchauffement climatique. Mais aussi sur leur capacité à agir pour préserver la planète. Une initiative régionale dans le cadre de la Fête de la science.

À Fresse-sur-Moselle, dans le massif des Vosges, l’automne peine à s’installer en cette fin octobre. Un beau soleil inonde la vallée. Et les températures dépassent largement les 20 °C. Oubliés les pulls et les manteaux, d’ordinaire indispensables en cette période aux enfants qui viennent en séjour de proximité.

Pour Alice, c’est une évidence : « En automne, normalement on met un anorak. » « Là, il fait trop chaud », constate la fillette de 11 ans. « Il devrait pleuvoir en ce moment. L’humidité, c’est la vie. S’il n’y a plus d’arbres à cause de la sécheresse, on va mourir », explique Evan, 9 ans. Clairvoyants et perspicaces, Alice et Evan ont une idée très précise de ce que recouvre le réchauffement climatique. Et comme beaucoup d’enfants, ils associent le phénomène à la fonte de la banquise et à la mort des animaux. « Moi, j’aime bien les animaux. Je ne voudrais pas qu’ils meurent à cause de nous », s’indigne la fillette.

Colos Nature des 6-8 ans et des 9-11 ans à Fresse-sur-Moselle (Vosges), octobre 2022.

La réalisation d’une fresque expliquant les causes du dérèglement climatique permet aux enfants d’explorer le sujet de manière ludique. ©Pierre Charriau/CCAS

Quelles sont les causes du changement climatique ? Quelles en sont les conséquences ? En quoi l’activité humaine est-elle dévastatrice pour la planète ? La pollution de l’environnement est-elle irrémédiable ? Des agissements plus vertueux peuvent-ils enrailler la mortifère tendance ? Et si l’on changeait nos comportements pour chouchouter notre terre plutôt que de la maltraiter… Autant de thèmes abordés durant la colo par Aurélie Marzoc, designer spécialisée en éducation à l’environnement, et Maëlle Thirion, étudiante à l’IUT de Nancy. Les deux femmes intervenaient dans le cadre de la Fête de la science, à laquelle les Activités Sociales consacraient au mois d’octobre une programmation culturelle variée.

Comprendre pour agir en conscience

Créatrice de supports de sensibilisation à l’environnement et à la biodiversité, Aurélie Marzoc propose aux enfants de réfléchir aux causes du réchauffement global. ©Pierre Charriau/CCAS

« Savez-vous ce qu’est le rapport de cause à effet ?, interroge Aurélie. Par exemple : je plante une graine, c’est la cause. Et une plante va pousser, c’est le résultat. » Son intervention a vocation à éduquer les petits de 9 à 11 ans à la protection de l’environnement, en leur donnant des éléments de compréhension. « Il s’agit de leur faire prendre conscience du lien de cause à effet. De leur expliquer de quelle façon la destruction de l’environnement est générée par l’activité humaine », précise Aurélie.

Chez les 9-11 ans, pas de grand discours : la réflexion s’organise autour de la création de fresques visant à identifier clairement les sources de pollutions et à en répertorier les répercussions. Une fois la chaîne formellement établie – de l’origine du mal aux conséquences qui en découlent –, la discussion peut s’engager.

Colos Nature des 6-8 ans et des 9-11 ans à Fresse-sur-Moselle (Vosges), octobre 2022.

La fresque est terminée ! ©Pierre Charriau/CCAS

Les enfants pointent sans détour la responsabilité humaine sur l’altération du climat. « Tout ce qui arrive est la faute de l’homme qui détruit la planète, tranche Loïc, 11 ans, féru de sciences. On produit du CO2, qui pollue l’air et crée l’effet de serre ».

« Les gens jettent beaucoup de déchets n’importe où. La planète va exploser », se désole Chloé, 9 ans. Le plastique est, selon Evan, le grand coupable : « Les emballages en plastique sont très mauvais pour la nature. Et dangereux, surtout pour les animaux, qui en meurent parce qu’ils les mangent. » Il faudrait « moins utiliser l’essence, très polluante », selon Mya. Et que dire « des bateaux qui la déversent dans la mer » ?

« Mais les éoliennes polluent aussi, à cause du béton coulé dans la terre », fait remarquer Mathéis. « À cause du réchauffement de la planète, les feux ont détruit les forêts partout dans le monde. Plein d’animaux sont morts brûlés. Les koalas ont presque disparu en Australie », se désespère Élise, 10 ans.

Chez les 6-8 ans, des ateliers ludiques

À l’aide de jeux des éditions Adventices, spécialisée dans les jeux éducatifs à l’environnement, les 6-8 ans découvrent la biodiversité : une manière de s’y attacher dès le plus jeune âge. ©Pierre Charriau/CCAS

Du côté des 6-8 ans, on parle aussi écologie. En version ludique mais tout aussi pédagogique. « Savez-vous ce qu’est la biodiversité ? », demande Aurélie Marzoc. « C’est tous les organismes vivants sur la terre, les plantes et les animaux », souffle Chloé, 8 ans. Autour de la table, on parle fruits et légumes, saisons et jardinage, animaux bien sûr, y compris les insectes. Avec quatre jeux en bois conçus et confectionnés par Aurélie, les petits se penchent sur le cycle de la nature et des cultures.

Que fait-on au jardin selon la saison ? Comment et à quelle saison poussent les légumes et les fruits ? Au jeu de la reconnaissance des légumes, Noéline, 7 ans, est assurément la meilleure. « C’est grâce à mon papy Jean-Marc, qui a un grand potager », raconte la fillette, qui « adore les légumes et déteste les hamburgers parce que c’est industriel ». Incroyable !

Léandre s’attache à répertorier les fruits selon qu’ils possèdent un noyau, des pépins ou une coque. Thomas, lui, tente de classer les légumes : « Il faut les trier, et reconnaître si c’est un tubercule, un bulbe, un légume-fleur ou un légume-tige. C’est un peu difficile des fois », confirme le petit gars. Mais il s’en sort plutôt pas mal.

Avec le jeu « Qui mange qui ? », les enfants apprennent à décrypter la chaîne alimentaire, en découvrant ainsi le rôle de chacun des membres, notamment celui, essentiel, des animaux. « C’était très intéressant, conclut Damien, 7 ans. J’ai appris beaucoup de choses. »

Des solutions pleines de bon sens

Colos Nature des 6-8 ans et des 9-11 ans à Fresse-sur-Moselle (Vosges), octobre 2022.

Les débats vont bon train et les idées fusent au sein de l’atelier. ©Pierre Charriau/CCAS

À partir de leur constat peu réjouissant, Aurélie interpelle les 9-11 ans sur les solutions et les remèdes à apporter pour soigner la grande malade. « Est-il possible de changer nos habitudes pour limiter notre impact sur l’environnement ? », questionne-t-elle. « Moi, j’ai des idées pour protéger la nature », lance Élise.

Et d’énumérer ses solutions pleines de bon sens : « Faire plus d’agriculture biologique ; cultiver sans produits chimiques ; manger moins de viande et interdire l’élevage des animaux en cage. Et faire du recyclage. » Voilà qui est dit. « Il faut planter plein d’arbres qui nous protègent du CO2« , ajoute Mya.

Les 6-8 ans en exploration au coeur de la forêt : au programme, construction d’un barrage sur un cours d’eau et séance de câlins aux arbres. ©Pierre Charriau/CCAS

L’atelier génère également des controverses. Qu’en est-il de la surexploitation des ressources naturelles ? « Si nous continuons d’acheter des choses pas indispensables, ils continueront de les produire. Et ça va polluer encore plus », déduit Loïc, soulevant le rôle et la responsabilité du consommateur. Se pose aussi la question de l’utilité des téléphones portables… pour les enfants. Ici, à la colo, la majorité des petits en possède un. À l’exception de Célia, 11 ans, qui déclare : « On n’a pas besoin d’un portable quand on a 11 ans. »

Pour Loïc, c’est tempête sous un crâne. « L’atelier m’a fait réfléchir sur les conséquences de la pollution terrestre. Mais aussi sur ce que je peux faire pour limiter mon empreinte sur la planète », confie celui qui rêve déjà de devenir astrophysicien. Consommer mieux et selon ses besoins, adopter un comportement vertueux pour préserver la Belle Bleue, voilà autant de petites graines plantées dans le cœur des enfants. Qui deviendront, qui sait, les Greta Thunberg de demain.

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