Montgesoye : ici, on réapprend la confiance

©Jean-Luc Boiré/CCAS

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La chaîne de solidarité mise en place par la CCAS pour accueillir pour quelques semaines au château de Montgesoye la trentaine de jeunes filles évacuées de Calais fait de cette expérience une extraordinaire aventure humaine.

En cette mi-novembre, les arbres affichent un camaïeu de couleurs chaudes allant du doré au pourpre, couleurs qui illuminent les monts du Jura. Perchés sur d’impressionnantes machines, les forestiers taillent les arbres bordant la route qui monte de Besançon jusqu’à Montgesoye, à côté d’Ornans, dans le Doubs. C’est précisément ce trajet qu’a effectué, il y a une quinzaine de jours, un car ayant à son bord trente jeunes filles âgées de 13 à 17 ans.

Originaires d’Érythrée, du Soudan ou d’Éthiopie, elles sont arrivées un jeudi soir, en provenance de Calais, après la destruction du bidonville où, au terme d’un long et éprouvant voyage, elles ont survécu plusieurs mois faute de pouvoir franchir la Manche. Elles ne s’en cachent pas, c’est le cœur lourd qu’elles ont vu leur rêve d’Angleterre s’éloigner à travers les vitres du bus qui les emmenait en Franche-Comté.

©Jean-Luc Boiré/CCAS

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On imagine sans peine leur surprise à l’arrivée dans ce petit village de 500 âmes lorsqu’elles ont aperçu le donjon et les tourelles du château où elles allaient élire domicile pour quelques semaines. Propriété de la CCAS, le centre de vacances dédié à l’accueil de mineurs – qui est habituellement réservé aux colos des enfants des agents des Industries électrique et gazière – a effectivement fière allure !

Ici, ces adolescentes dont la vie, depuis leur exil, s’est résumée à la peur, à la violence, au froid, à la faim et au manque de sommeil, peuvent enfin prendre un peu de repos. Elles en ont tant besoin. « Les rassurer a été notre première mission », précise Didier Voitot, le président de la CMCAS Franche-Comté, présent dès le premier soir pour les recevoir.

Didier Voitot, le président de la CMCAS Franche-Comté, raconte l’arrivée des jeunes filles :

Didier Voitot a en effet pris sa mission très à cœur en ne se contentant pas de louer le centre de vacances comme le prévoit la convention signée avec les services de l’État. Il a également mis à disposition le réseau de compétences de la CCAS pour permettre le recrutement de personnes ayant l’habitude de travailler sur place, et dont le parcours et les valeurs sont garantes du bon déroulement de cette « aventure humaine ». Ce qui de l’extérieur pourrait sembler anecdotique fait en réalité toute la différence : l’équipe d’encadrement et d’animation est présente 24 heures sur 24 sur le site, des cuisiniers ont également été recrutés pour éviter aux adolescentes de manger des plats en barquette.

Comme l’explique Mathieu Guilloux, qui dirige le centre et a déjà exercé la même fonction plusieurs fois pour des colos CCAS à Montgesoye, même si l’expérience est singulière en raison du parcours de ces jeunes filles et des contraintes liées à leur situation, cela reste des adolescentes et il s’évertue à les traiter comme telles !

Mathieu Guillou, le directeur du centre, raconte la vie quotidienne au château :

Parenthèse franc-comtoise

Néanmoins, chacun est bien conscient que cette parenthèse franc-comtoise ne durera qu’un temps. Toutes n’ont qu’un souhait : retrouver au plus vite la famille qui leur reste. Parmi elles, Winta, 16 ans, qui a fui l’Érythrée. Elle est passée par le Soudan, la Libye, a pris le bateau, puis a traversé l’Italie pour rejoindre la France. Au terme d’un périple de deux ans, elle est restée neuf mois dans la jungle, mais « sans essayer de passer en Angleterre car c’était trop dangereux. Tous les jours je pleurais car des amis qui avaient tenté la traversée mouraient, étaient blessés ou arrêtés. Moi, je n’ai plus personne sauf des cousins en Angleterre, c’est là que je veux aller. Mon rêve, c’est de reprendre des études et, pourquoi pas, devenir infirmière ou même médecin », affirme la jeune fille avec détermination.

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©Jean-Luc Boiré/CCAS

Un rêve qui deviendra peut-être réalité : des agents britanniques de l’immigration sont venus les interroger sur leur parcours, leur identité afin de décider si elles peuvent effectivement prétendre à un regroupement familial en Grande-Bretagne. Dans l’attente, non dénuée d’angoisse, de la réponse, leur vie s’organise presque comme dans une colo ordinaire, autour d’activités, de temps de partage, de repos et des repas confectionnés par les cuisiniers.

Elles participent activement à la vie collective, chahutent avec les animateurs, font des selfies avec le président de la CMCAS et reprennent des activités de leur âge. Gageons que la bienveillance, l’esprit de solidarité et d’ouverture sous le signe desquels est placé leur séjour au château de Montgesoye leur donnera confiance et force pour se construire un bel avenir.

Oussama, animateur, et Mathieu, directeur, détaillent les liens qui se sont tissés avec les jeunes filles et racontent ce qu’ils ont appris d’elles :

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