Petite initiation au Pays Basque

Pendant trois semaines, nous vous emmenons dans le Pays Basque pour découvrir le centre de Saint-Pée-sur-Nivelle, sa région, ses activités et les hommes et femmes qui les font vivre. Après la montagne, deuxième étape : le lac et les alentours du centre.

Entre le centre CCAS de Saint-Pée-sur-Nivelle et le lac de la commune, il n’y a qu’une paire de kilomètres. Et pourtant, il y a tant à découvrir… Architecture, nature, histoire, agriculture, terroir, langue… Guidés par Pantxoa, l’animateur culturel du centre et enfant du pays, les vacanciers de Saint-Pée se laissent conter le Pays Basque…

Les alentours de Saint Pée © Noémie Coppin/ccas

Les alentours de Saint Pée © Noémie Coppin/ccas

Nous sommes lundi, et la réunion d’accueil des nouveaux arrivants vient juste de se terminer. Beaucoup découvrent pour la première fois le centre de Saint-Pée et ses alentours. Pour certains, c’est même un premier rendez-vous avec le Pays Basque. Histoire de se mettre tranquillement dans le bain, Pantxoa Goni, l’animateur culturel du centre, emmène un groupe de vacanciers jusqu’au lac voisin.

La balade commence par longer les champs de maïs en bordure du centre. Un peu partout, des maisons se découpent, toutes ressemblantes : « Nous sommes ici dans la province de Laboure, une des sept provinces du Pays-Basque. Il y en a trois côté français, et quatre côté espagnol. Dans le Laboure, les maisons obéissent à un code très strict. Volets rouges ou verts, murs blancs, toits en tuile, et un nom » explique Pantxoa. Il continue : « La maison, au Pays Basque, est très importante, plus que la famille. Jusque dans les années 50, on ne pouvait pas diviser sa maison. C’est l’aîné qui en héritait, et les cadets devaient entrer dans les ordres ou partir chercher des terres aux États-Unis. C’est pour cela qu’aujourd’hui encore, il y a énormément de basques outre-atlantique. »
Au bord du chemin, le petit groupe croise de nombreux pommiers. Car la région est un haut lieu du cidre. Et c’est peut-être la potion magique des Basques, comme l’explique Pantxoa : « Les Basques ont toujours été de très bons marins, des pécheurs de baleine hors-pair, des explorateurs. Ils auraient découvert l’Amérique avant Colomb, et on trouve des drapeaux basques jusqu’à Saint-Pierre-et-Miquelon. Le capitaine de Magellan, qui a réalisé le premier tour du monde en bateau, était basque. Il s’appelait Juan Sebastian Elcano. On dit que les Basques, grands buveurs de cidre, se trouvaient ainsi plus résistants au scorbut, et donc aux longues traversées. »
La balade continue et les vacanciers longent à présent un champ de piment. Nous sommes en pleine zone AOP (appellation d’origine protégée(1)), le village d’Espelette est tout proche. C’est Elcano, justement, le navigateur, qui l’a ramené d’Amérique du Sud au XVIème siècle. Pantxoa en profite pour en expliquer la culture : « Le piment est une plante saisonnière qui meurt aux premières gelées. Mi-mars, on prélève les graines sur les plus beaux spécimens, on les fait germer sous serre. De là, on obtient des mottes, que l’on plante à la main, sur des tuteurs. D’abord, la plante produit une fleur blanche, puis un piment vert, qui rougit. Une fois mûr, on en fait des cornes, ou on en fait une poudre après séchage. Aujourd’hui, on compte 185 producteurs. »

Dominique et Colette Deleville, bénéficiaires d'Auvergne en vacances à Saint-Pée © Noémie Coppin/ccas

Dominique et Colette Deleville, bénéficiaires d’Auvergne en vacances à Saint-Pée © Noémie Coppin/ccas

Au loin, les montagnes se découpent, verdoyantes, mystérieuses, comme un appel à l’aventure. « Le grand sommet, là-bas, avec les antennes dessus, c’est la Rhune. C’est le site le plus visité du 64 » lance Pantxoa. Dominique et Colette Deleville ont l’oeil pétillant. Ils l’aiment, le relief. Ils sont auvergnats, lui est ancien agent ERDF en exploitation. « Ici, c’est un peu plus raide qu’en Auvergne. Mais en haut de la Rhune, le paysage est à couper le souffle ! Ça donne envie d’y retourner, j’irai bien observer les vautours d’un peu plus près » lance Dominique. Il est déjà venu, enfant, puis de nouveau il y a quelques années dans le Pays-Basque. Cette fois, il est là pour une semaine. Et sa femme aussi est conquise : « Je suis une fille de la campagne. J’adore la nature. Et ici, je suis dans mon élément. En septembre, quelle tranquillité, on entend le vent et les oiseaux… »
Mais l’heure n’est pas encore aux sommets. Cap sur le lac, en contrebas. Plage de sable, pédalos, toboggans, tyrolienne, accrobranche… Il y a tout ce qu’il faut. Pantxoa emmène tout le monde faire un tour de l’étendue d’eau.

Jean-Claude et Arlette Vital bénéficiaires de Saint Etienne en vacances à Saint-Pée © Noémie Coppin/ccas

Jean-Claude et Arlette Vital, bénéficiaires de Saint-Étienne en vacances à Saint-Pée © Noémie Coppin/ccas

Jean-Claude et Arlette Vital connaissent ce lac. Ils sont déjà venus au centre de Saint-Pée avec leurs petits enfants, il y a quelques années. A l’époque, c’était encore un village de toiles. « On connaissait ce lac, mais on n’en avait jamais fait le tour » explique Jean-Claude. « Cette balade, c’est une mine d’informations sur la région. Et moi, je suis un passionné d’histoire et de patrimoine. Dès que je suis arrivé au centre, j’ai foncé à la bibliothèque et j’ai trouvé un petit livre sur l’histoire du Pays-Basque. Ça fait partie de l’aventure des vacances, pour moi, que de connaître et comprendre l’endroit où l’on se rend. Je suis ravi. » Aujourd’hui retraité, Jean-Claude était agent de maitrise chez GDF. Avec sa femme Arlette, ils sont venus de Saint-Étienne pour dix jours : « On est déjà partis dans les centres d’Ondres, Hendaye, et Saint-Jean-Pied-de-Port. On adore la région. Il faut dire que c’est le compromis parfait : la côte atlantique n’est qu’à 15 km, les montagnes nous entourent et offrent des randonnées superbes, on est au calme de la campagne, mais on peut visiter San Sebastian en une journée si l’on a envie d’un peu de ville… » Jean-Claude conclue : « Et en plus, c’est le pays de l’authenticité. Tant de lieux ont perdu leur âme, mais pas ici. La nature, l’histoire, le patrimoine sont chéris et préservés.  »

Pantxoa Goni animateur culturel au centre de Saint Pée © Noémie Coppin/ccas

Pantxoa Goni, animateur culturel au centre de Saint Pée © Noémie Coppin/ccas

Chaque année, le lac accueille 100 000 personnes pour une grande fête des écoles en langue basque. L’occasion pour Pantxoa d’aborder le passé et le présent de cette langue : « La langue basque est un cas unique en Europe : elle n’a pas de filiation avec d’autres langues vivantes. D’ailleurs, c’est la plus ancienne langue d’Europe de l’Ouest in situ. Dans les années 60, quand ma grand-mère parlait en basque, elle se faisait taper dessus. A l’époque, le basque était dénigré, considéré comme une langue obsolète. Aujourd’hui, les mentalités ont changé, la langue est valorisée. Plus d’un million de personnes parlent le basque, et en France, 6000 élèves sont scolarisés en langue basque. »

Pantxoa n’a pas appris le basque à l’école. Il l’a appris en prenant des cours pour adultes. Il travaille en tant qu’animateur pour la CCAS depuis 2010 : « Je suis sensible aux valeurs de la CCAS, la solidarité, la justice, la dignité. En tant que Basque, je me considère comme faisant partie d’une minorité. Alors lutter contre l’exclusion, les amalgames, pour le respect, ça fait partie de ma vie, de mon éducation. Aujourd’hui, mon métier, c’est de faire découvrir cette richesse culturelle. Je suis passionné d’Histoire, de musique, et du Pays-Basque. Mon métier est au croisement des trois, alors je suis un homme heureux ! »

(1) L’appellation d’origine contrôlée (AOC) désigne un produit dont toutes les étapes de fabrication sont réalisées selon un savoir faire reconnu dans une même zone géographique, qui donne ses caractéristiques au produit. L’appellation d’origine protégée (AOP) est l’équivalent européen de l’AOC. Elle protège le nom d’un produit dans tous les pays de l’Union européenne. (source)

1 Commentaire
  1. LEROND Roger 9 ans Il y a

    Très bien ce reportage…Cela donne envie…

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