« Rodéo Ranger » : un ciné-concert expérimental avec de jeunes migrants


Dans « Rodéo Ranger, fragments d’une traversée », Emmanuel Mailly et Élie Blanchard retracent en images et en musique le périple de deux adolescents guinéens jusque Chauny, un petit village de l’Aisne. Un photo-concert sensible joué en colo CCAS, à découvrir au festival Les Jeunes et les Enfants d’abord, le 13 octobre prochain à La Ville-du-Bois (Essonne).


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Comment est né le spectacle ?

Élie Blanchard et moi partageons une pratique artistique commune et militons pour la défense des migrants. Nous avons rencontré Mamadou et Thierno, en 2015. Originaires de Guinée Conakry, ils étaient accueillis avec une dizaine d’autres migrants mineurs par la commune de Chauny (Aisne) et pris en charge par La Boussole, une association locale.

« Rodéo Ranger, fragments d’une traversée » raconte leur périple depuis l’Afrique jusqu’à leur prise en charge à Chauny. C’est l’histoire, une belle histoire, de deux gamins qui ont survécu à la traversée en mer, et surmonté toutes les difficultés. Mamadou était sur un bateau qui a fait naufrage ; il en est le seul survivant. Nous avons coécrit le spectacle avec eux. Élie Blanchard a réalisé des centaines photos d’eux. « Fragments d’une traversée » est né, en 2016, de leur récit.

« Mamadou était sur un bateau qui a fait naufrage ; il en est le seul survivant. »

Qu’est-ce qu’un photo-concert ?

On connaît tous le cinéma-concert : un musicien joue la musique qui accompagne la projection d’un film muet. Dans « Rodéo Ranger », je suis le musicien du spectacle, Élie Blanchard est l’artiste du visuel. Il manipule en direct des objets et des photos, entre 80 et 100, tandis que je fabrique des sons. Je joue de la guitare et de la trompette mais aussi de la musique dissonante, ce type de musique qui fait du bruit. C’est une création en direct qui est à chaque fois pareille et différente.

Le voyage des gamins est retranscrit par des tableaux successifs toujours présentés dans le même ordre ; mais nous disposons malgré tout d’une liberté. En fonction de l’âge du public, de l’excitation et de l’humeur que nous percevons, nous adaptons l’intensité du spectacle. Nous fabriquons des émotions, des fragments de vie, des morceaux d’un parcours de vie. Le ciné-concert est moins rigide qu’un documentaire. Cette forme artistique permet de faire un spectacle vivant à partir d’un sujet important : la question de la migration. Ce genre narratif particulier contribue à souligner le cauchemar que vivent les gamins, leur détresse, la dureté de leur vie mais aussi leur espoir. Pour nous, l’après-spectacle est fondamental : on reste sur scène, l’échange avec le public est obligatoire.

« Les jeunes de la CCAS ont compris qu’en France ils ont des droits dont sont justement privés les jeunes migrants. »

L’été dernier, vous avez présenté votre spectacle dans six colos CCAS… Comment ça s’est passé ?

Nous sommes tombés juste. Nous partageons avec la CCAS les mêmes valeurs. Nous avons constaté que les enfants de la CCAS sont sensibilisés, éduqués à la culture. Nous avons donc eu de très belles séances auxquelles ils ont bien participé, avec des échanges sympas. Il y a eu beaucoup de questions-réponses. Les ados, eux, s’identifient aux migrants mineurs. Les plus petits s’interrogent sur le fait de quitter ses parents, de partir seul ailleurs vers l’inconnu. Avec le spectacle, les jeunes ont compris qu’en France ils sont protégés, ils ont leurs parents, des droits et tout un tas de choses dont sont justement privés les jeunes migrants. Ce dont les petits Français n’ont pas forcément conscience.

Deux anecdotes : nous avons joué le soir après la finale de la Coupe du monde de foot. Les gamins étaient tout excités par la victoire de la France, néanmoins ils ont été attentifs et réceptifs. Une autre fois, c’était soir de boum, programmée à 22 heures. C’était, là encore, un événement pour eux. Pour autant, ça s’est très bien passé.

Que sont devenus Mamadou et Thierno ?

Ils ont passé leur bac et continuent leurs études. L’un poursuit des études littéraires. L’autre veut devenir ingénieur, avec pour objectif de retourner dans son pays y construire des écoles, des hôpitaux.


Pour aller plus loin

"Rodéo Ranger" : un ciné-concert expérimental avec de jeunes migrants | Journal des Activités Sociales de l'énergie | 60662 Rodeo Ranger2@Elie Blanchard

« Rodéo Ranger, fragments d’une traversée »
Ciné-concert à partir de 11 ans

Le 13 octobre à La Ville-du-Bois (Essonne)
Entrée gratuite 

En savoir plus

Par Emmanuel Mailly (tambourin, trompette, orgue à bouche, guitare, harmonica, objets sonores), Élie Blanchard (images, manipulations et réalisation vidéo) et Aferdite Ibrahimaj (entretiens sonores).

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