Sauver, protéger, témoigner. Fidèle à sa devise et contre vents et marées, l’association SOS Méditerranée, partenaire de la CCAS, porte assistance aux migrants en détresse en mer. Elle peut compter sur le soutien, renouvelé, des Activités Sociales dans ses opérations de sauvetage, afin que la Méditerranée ne soit plus un cimetière.
Ce n’était pas du tout prévu par la convention de partenariat. Mais, le 11 novembre dernier, à la suite de l’autorisation donnée par la France au débarquement des 234 rescapés escortés par l’Ocean Viking, le navire sauveteur de SOS Méditerranée, la CCAS et l’association, partenaires depuis 2020, se sont retrouvées par la force des circonstances « extraterritorialisées ».
La base de la Marine nationale de Toulon et le village vacances de Giens (Var) étaient décrétés « zone d’attente », juridiquement placée aux frontières de la France. Au-delà de cette séquence juridique, la situation mettait surtout en avant l’action de SOS Méditerranée en faveur de la dignité humaine. Depuis sa création, en 2015, l’association porte assistance « sans aucune discrimination […] à toute personne en détresse en mer, dans le respect du droit maritime international ».
Devant les polémiques, les injures, les menaces que n’a pas manqué de susciter – à droite et à l’extrême droite de l’échiquier politique –, l’autorisation de débarquement à Toulon, SOS Méditerranée, accusée par certains de complicité avec les passeurs, a décidé de porter plainte.
Malgré le vacarme politicien, Fabienne Lassalle, directrice générale adjointe de SOS Méditerranée, veut garder la tête froide : « Nous restons concentrés sur notre mission, assure-t-elle. SOS Méditerranée est née après l’abandon des opérations de sauvetage des migrants coordonnées et financées par les pays européens. »
Plainte pour complicité de crime contre l’humanité
Baptisée « Mare Nostrum » et assurée par la Marine nationale italienne, l’opération, initiée en 2013, après le dramatique naufrage au large de Lampedusa qui fit 336 victimes, avait permis de sauver plus de 150 000 personnes en un an, de 2013 à 2014. « Depuis, poursuit Fabienne Lassalle, avec d’autres ONG, nous pallions, dans le respect du droit maritime et dans les eaux internationales, le vide humanitaire laissé par l’Union européenne. »
En revanche, cette dernière a choisi de financer et d’équiper les garde-côtes libyens « dont la mission, précise Fabienne Lassalle, est moins le sauvetage que le refoulement des migrants dans l’enfer qu’ils ont eu tant de peine à fuir ». Une attitude qui vaut à l’Union européenne de faire l’objet d’une plainte déposée par le Centre européen des droits constitutionnels et humains, une ONG allemande, pour complicité de crime contre l’humanité. Car le droit maritime, justement, stipule que les naufragés doivent être conduits dans les meilleurs délais dans le « port sûr », garant de leurs droits humains. En novembre, ni Malte ni l’Italie n’ont répondu aux demandes de SOS Méditerranée. Jusqu’à ce que la France autorise le débarquement des rescapés.
Aujourd’hui, seuls quatre bâtiments humanitaires de la taille (69 m) et de la capacité (un peu plus de 100 personnes) de l’Ocean Viking croisent en Méditerranée centrale. « À l’heure où nous parlons, signale Fabienne Lassalle, mis à part une petite dizaine de bâtiments de moindre importance, et compte tenu des débarquements en cours, aucun de ces bateaux n’est en mer. » Or, selon elle, « les chances de survie des migrants au départ de la Libye sont quasi nulles ».
Au début de la pandémie de Covid-19, alors que les opérations humanitaires étaient suspendues, jamais les passages n’ont été aussi nombreux.
Fabienne Lassalle, directrice générale adjointe de SOS Méditerranée
Cette présence constitue-t-elle un appel d’air, autrement dit un encouragement au départ ? « Bien sûr que non, affirme-t-elle. Au début de la pandémie de Covid-19, alors que les opérations humanitaires étaient suspendues, jamais les passages n’ont été aussi nombreux. » Et de noter que les navires humanitaires n’effectuent que 15 % des sauvetages : « Le reste est réalisé par les garde-côtes italiens et maltais, les bateaux de commerce, voire des pêcheurs, conformément au droit international maritime. Quand les chefs d’État se concertaient sur l’accueil de nos 234 rescapés, 1 800 personnes étaient sauvées par les garde-côtes italiens ! »
De déni en renoncement, l’Union européenne fabrique une crise qui concerne moins les migrations que l’accueil, selon la directrice générale adjointe de l’association. Une crise qui, depuis 2014, aurait coûté la vie à 25 000 hommes, femmes et enfants, faisant de la Méditerranée centrale le plus grand cimetière marin du monde.
« Une simple question d’humanité »
« Le partenariat avec la CCAS est riche de nombreuses initiatives, en coopération avec nos antennes locales, un peu partout en France, et surtout, parfaitement dans l’esprit de notre devise : sauver, protéger, témoigner », se réjouit Fabienne Lassalle.
L’année 2022 a été marquée par l’exposition itinérante « Éclaireuses d’humanité », qui portait un regard sur les femmes en exil et celles qui leur tendent la main. De nombreuses initiatives ont aussi mobilisé précédemment les bénévoles de l’association et le public des Activités Sociales : permanence estivale de SOS Méditerranée au centre du Cap d’Agde ; participation au festival des Voiles de la paix avec la CMCAS de Marseille ; publication de la bande dessinée « En vie » avec les CMCAS du Grand Ouest, et tant d’autres à La Rochelle, Bordeaux, Rennes, Paris et ailleurs.
La CCAS s’apprête d’ailleurs à renouveler son partenariat avec SOS Méditerranée. « Une simple question d’humanité, assure Erwann Dupont, trésorier général adjoint de la CCAS et président de la Commission activités internationales et solidarité. La solidarité en actes, la CCAS, les agents bénévoles et professionnels l’ont déjà exprimée au moment du démantèlement de Calais en 2015 ; aux côtés du Secours populaire et avec la bourse solidarité vacances ; auprès des jeunes étudiants reçus dans nos centres pendant le confinement. Depuis bientôt un an, la CCAS ouvre ses villages vacances en fermeture saisonnière aux réfugiés venus d’Ukraine. Au 1er décembre, on en était à 80 000 nuitées pour 1 000 places d’hébergement. »
Et l’élu de préciser : « Évidemment, notre engagement, c’est aussi de contribuer à créer les conditions pour que, du fait des guerres, de la pauvreté, des conséquences du réchauffement climatique ou de la mondialisation financière, ces hommes, ces femmes et ces enfants n’aient plus la nécessité de quitter leurs familles, ne soient plus cruellement placés devant des alternatives aussi dramatiques. »
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Aujourd’hui SOS Méditerranée lance un appel aux dons pour l’aider à financer les opérations en mer. Pour soutenir l’association SOS Méditerranée et son action, faites un don !
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