Le tourisme social consacré par l’ONU

Séjour solidaire en Tunisie pour des agents des IEG organisé par la CCAS et l'AFASPA. Rencontre avec des femmes trieuses de dattes dans un atelier. ©G.Bartoli/CCAS

Rencontre avec des femmes trieuses de dattes dans un atelier en Tunisie, lors d’un séjour solidaire organisé par la CCAS et l’Association française d’amitié et de solidarité avec les peuples d’Afrique (Afaspa). ©G.Bartoli/CCAS

2017 sera l’année du tourisme durable pour le développement, selon les Nations unies. Les objectifs sont clairs et généreux. Car si le tourisme marchand se fait souvent aux dépens des populations locales, des salariés et de l’écosystème, le tourisme social et solidaire, lui, se préoccupe autant de l’humain que de l’environnement.

Les Nations unies l’ont décidé : les douze mois qui viennent seront consacrés au tourisme durable pour le développement. Une manière de montrer l’importance de ce secteur « pour ce qui est de favoriser la compréhension entre tous les peuples, de faire mieux connaître le riche héritage des différentes civilisations et de faire davantage apprécier les valeurs inhérentes aux différentes cultures, contribuant ainsi à renforcer la paix dans le monde », comme le précise la résolution approuvée le 4 décembre 2015. « Le fait que l’ONU ait proclamé 2017 année internationale du tourisme durable pour le développement représente une opportunité unique d’accroître la contribution du secteur du tourisme aux quatre piliers de la durabilité, de l’économique, du social et de l’environnemental, tout en attirant l’attention sur les véritables dimensions d’une activité souvent sous-évaluée », estime Taleb Rifai, secrétaire général de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT).

Moteur de croissance

Le tourisme est l’un des moteurs de la croissance économique globale et compte pour 1 emploi sur 11 dans le monde. Le but affiché dans le cadre de cette année onusienne est d’offrir l’opportunité d’emplois décents dans le secteur du tourisme, dans lequel on trouve beaucoup de jeunes et de femmes. Autre ambition, participer à la conservation et à la préservation de l’écosystème, fortement mis à mal ces dernières décennies, notamment par un tourisme marchand et prédateur dont les promoteurs n’ont qu’un objectif : la rentabilité la plus importante et la plus immédiate, souvent au détriment des populations locales et de l’environnement. Le tourisme, dans de nombreux pays, représente l’option de développement économique durable la plus fiable, et, pour certains d’entre eux, la principale source d’épargne en devises étrangères. Le Conseil Mondial du Voyage et du Tourisme (WTTC) estimait, en 2015, que les revenus générés par le secteur voyage et tourisme au Maroc représentaient 7,7 % du produit intérieur brut (PIB) – plaçant ce secteur au second rang des contributeurs du PIB marocain –
et devraient augmenter de 2 % en 2016.

En Tunisie, le secteur du tourisme est tout aussi crucial (7 % du PIB), mais reste en plein marasme après les attentats survenus en 2015. Plus de 480 000 emplois en dépendent directement. Selma Elloumi Rekik, ministre du Tourisme, demeure néanmoins confiante, mettant en avant l’exemplarité de son pays et le rôle majeur joué par les syndicats, notamment l’UGTT , l’Union patronale (Utica) ainsi que la société civile, nobélisés en 2015. « La Tunisie est au centre de la Méditerranée et peut se transformer en une plate-forme pour les investisseurs, notamment vers l’Afrique », avance la ministre. Certes, « le terrorisme a un impact clair sur le tourisme », souligne le WTTC. C’est vrai en Turquie où le nombre de voyageurs a chuté de 35 % au mois de mai. Mais également en France. Si celle-ci reste la première destination touristique, les attentats du 13 novembre 2015 se sont traduits par une baisse de 8 % du nombre de touristes étrangers.

La Conférence annuelle du tourisme a pris en compte les différents paramètres qui affectent désormais le tourisme en France. Quatre priorités ont été dégagées, parmi lesquelles le soutien aux professionnels et aux salariés du secteur à hauteur de 11 millions d’euros. Mais on lit que le gouvernement entend « faciliter le recours à l’activité partielle », en contradiction avec les intentions proclamées par l’ONU . En réalité, le tourisme social et solidaire se rapproche beaucoup plus des objectifs des Nations unies, de par la volonté affichée et dans son esprit même.

Séjour solidaire en Tunisie pour des agents des IEG organisé par la CCAS et l'AFASPA. La Medina de Gafsa ©G.Bartoli/CCAS

La Medina de Gafsa, lors du séjour solidaire en Tunisie pour organisé par la CCAS et l’Afaspa. ©G.Bartoli/CCAS

Favoriser le départ en vacances

Lors d’un débat organisé à l’occasion de SalonsCE, en septembre 2016, Michelle Demessine, ancienne ministre du Tourisme, sénatrice du Nord et par ailleurs présidente de l’Union nationale des associations de tourisme (Unat), soulignait ainsi le rôle historique du tourisme social depuis 1936, mais faisait remarquer qu’en France une famille sur deux ne partait toujours pas en vacances.  « Le tourisme social et solidaire, c’est le tourisme non marchand, qui a une mission de service pour favoriser le départ en vacances dans le cadre éducatif, culturel et de mixité sociale », insistait-elle.

Bien sûr, certains comparent les offres et les prix de ces deux types de tourisme. Le « marchand » tend à s’affranchir bien souvent de la variante « personnels », jouant de la précarité, transformant souvent les saisonniers en travailleurs taillables et corvéables à merci. Ces derniers sont souvent contraints de dormir dans leurs voitures, alors que dans le cadre du tourisme social, ces salariés sont logés et parfois même gratuitement. « Il existe une convention collective du tourisme social et solidaire mieux-disante, souligne encore Michelle Demessine. Il y a un vrai effort de formation et de ‘déprécarisation’ des contrats qui sont parfois très courts. » Le but étant de parvenir à transformer des emplois courts au départ, mais de plus en plus longs, en contrat à durée indéterminée (CDI). N’est-ce pas là se rapprocher des objectifs de l’ONU ?

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