Alpes-Maritimes : « Les services publics sont indispensables »

Alpes-Maritimes : "Les services publics sont indispensables" | Journal des Activités Sociales de l'énergie | 97406 Degats de la catastrophe de Saint Martin Vesubie

Berges, routes, maisons : la Vésubie en crue a tout emporté sur son passage. Ici, les travaux de déblaiement, le 16 octobre 2020. ©Joseph Marando/CCAS

Deux semaines après le passage de la tempête Alex, le département des Alpes-Maritimes panse ses plaies. Passé le choc, la solidarité s’organise, particulièrement chez EDF et Enedis, dont les équipes sont actuellement en première ligne.

La vallée de la Vésubie offre enfin un visage ensoleillé. La promesse d’une belle journée d’automne. Mais, ce jour-là, dans cet amas de roches et de troncs d’arbres, on peine à reconnaître le village de Saint-Martin-Vésubie. Depuis le verger qui surplombe la zone, on aperçoit les petites mains qui se relaient afin de déblayer les tonnes de gravats accumulées. « Car l’eau est montée vite, trop vite » ce vendredi 2 octobre. « Du jamais-vu dans la vallée. » Paroles d’anciens.


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Deux semaines après le passage de la tempête Alex – dont les pluies torrentielles se sont abattues dans les vallées de la Vésubie, de la Roya et de la Tinée – des zones étaient toujours isolées. Les habitants sont encore traumatisés par les crues exceptionnelles qui se sont abattues sur les Alpes-Maritimes et une partie de l’Italie. La commune de Tende, qui abrite environ 2 000 habitants, reste partiellement privée d’électricité et inaccessible par la route. Ce que confirme Valérie Tomasini, conseillère départementale PCF, qui y vit, encore sous le choc face à l’ampleur des dégâts.

« Des troncs d’arbres se transformant en béliers »

« C’est un scénario apocalyptique que nous venons de vivre. Nous avons vu les arbres tomber un à un, la rivière, en crue, gagner du terrain d’un côté et rogner la berge de l’autre. À 17 heures vendredi (le 2 octobre, ndlr), le champ face à notre maison était totalement inondé. La nuit fut horrible, avec des vents d’une violence inouïe faisant trembler notre maison. Le cimetière du village a été emporté par les torrents d’eau. » Un habitant de la Roya parle, lui, de « troncs d’arbres chargés par une rivière en crue » qui « se sont transformés en véritables béliers ».

Aperçu des dégâts considérables ayant touché la distribution d’électricité et d’eau, ainsi que le tout-à-l’égout. Ici, un raccordement provisoire a été installé d’urgence par les agents Enedis, alimenté dans un premier temps par des générateurs, avant que le réseau ne soit enfin rétabli. ©Joseph Marando/CCAS

Ce que confirme Thibault Coce, agent d’exploitation hydraulique chez EDF, en intervention à Saint-Dalmas-de-Tende où il réside. « L’eau a charrié énormément d’arbres et de gravats, détruisant la quasi-totalité des infrastructures. On se pose beaucoup de questions sur l’avenir professionnel de la vallée. Nous sommes actuellement en phase de grand nettoyage, la phase suivante consistera à vérifier la fonctionnalité du matériel. »

« Une accumulation de bois mort dans la Roya »

Ce drame aurait-il pu être évité ? « Cela fait des années que nous dénonçons le manque d’entretien des rivières. S’il y avait eu un travail réalisé en amont, il n’y aurait pas eu cette accumulation de bois mort dans le lit de la Roya, déplore Valérie Tomasini. Un tronc de six mètres de long a traversé la route nationale, c’est dire. »

Conséquence : 35 km de routes détruites, la quasi-totalité des canalisations arrachées, des stations d’épuration hors service, alors que les centrales de Bancairon, Valabres, la Courbaisse et Breil-sur-Roya sont toujours à l’arrêt. Même constat pour ce qui est de la fibre internet et du réseau téléphonique, totalement inutilisable.

Emmanuel Macron, qui s’est rendu sur place, a promis aux élus locaux – dont l’implication a été jugée exceptionnelle – que Paris ne les abandonnerait pas. « Nous allons mobiliser l’ensemble des services de l’État […], l’idée étant de reconstruire de manière résiliente et durable », a-t-il promis. Il a d’ores et déjà annoncé qu’une première enveloppe de 100 millions d’euros serait débloquée par l’État, susceptible d’évoluer par la suite et qui s’ajouteront aux 50 millions d’euros du Fonds de prévention des risques naturels majeurs, dit fonds Barnier.

Des villages construits en zone rouge

« Reconstruire différemment, oui. Mais où ? » s’interroge Sylvain Gogois, habitant de la Roya et membre d’une association locale, Roya Citoyenne. « Le plan de prévention des risques, élaboré récemment, a prouvé que Tende, Saint-Dalmas et Saorge se trouvent en zone rouge. Pire encore, on a déclassé certaines zones pour les rendre constructibles, notamment à Breil-sur-Roya », s’inquiète cet ancien enseignant. Un problème épineux, auquel s’ajoute celui du relief. « Ces vallées sont très encaissées, on ne peut pas construire partout. Qu’on nous explique comment ils comptent s’y prendre… », demande Sylvain Gogois.

À l’heure actuelle, certains villages et hameaux sont encore enclavés, en raison de l’effondrement de ponts ou de routes. L’eau potable et l’alimentation en électricité, assurée par des groupes électrogènes tractés par hélicoptère, sont progressivement rétablies. Même constat pour l’acheminement de vêtements et de denrées alimentaires, fruits de la solidarité des communes voisines. Le maire de Nice, Christian Estrosi, a loué le « modèle exceptionnel » de la métropole qu’il dirige et qu’il décrit comme « la seule en France où la solidarité urbaine se tourne vers les zones rurales ».

« Nous nous battons depuis trente ans pour la sauvegarde de ‘la ligne de vie' »

Les nuages se dégageant, l’impressionnant et dangereux relief du défilé ne fait plus obstacle. Les hélicoptères se relaient dans un ballet incessant dont l’écho rebondit le long du versant. Trois cents mètres plus à l’est, la voie de chemin de fer reliant Nice à Tende – en passant par Cuneo et Vintimille, en Italie – n’a jamais aussi bien porté son nom : « la ligne de vie ». Elle permet, au sol, de relier des villages comme Fontan et Saorge, actuellement coupés du monde.

« Une ligne pour laquelle nous nous battons depuis plus de trente ans pour sa sauvegarde, alors que la SNCF et d’autres n’ont de cesse de vouloir s’en débarrasser au nom de la rentabilité, rappelle Valérie Tomasini. Preuve, une fois de plus, que les services publics sont indispensables. »

 

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