CAPECHECS 2019 : un cru (forcément) spécial

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17e édition des Rencontres nationales et internationales d’échecs du Cap d’Agde : CAPECHECS. ©Didier Delaine/CCAS

Du 24 octobre au 2 novembre dernier avait lieu la 17e édition des Rencontres nationales et internationales d’échecs du Cap d’Agde. L’occasion de fêter les 25 ans d’un événement créé par la CCAS pour les agents des Industries électriques et gazières.

De l’avis de tous les participants, c’est un événement hors du commun. À vivre et à revivre sans modération. En vingt-cinq ans d’existence, CAPECHECS a ainsi bâti sa légende. Avec ses pionniers, ses créateurs, fervents défenseurs d’une discipline ancestrale et fédératrice, à rebours d’une société insidieusement tournée vers l’individualisme, le consumérisme et l’éphémère.

« Sans la CCAS, à travers les valeurs qu’elle véhicule, cet événement n’aurait pas pu et ne pourrait pas exister, encore actuellement », rappellera Bachar Kouatly, président de la Fédération française des échecs (FFE) et président délégué de la Fédération internationale des échecs (Fide), lors de la cérémonie de clôture.

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Cérémonie de clôture des 17e rencontres de CAPECHECS . Au micro, Bachar Kouatly, président de la Fédération française d’échecs. ©Didier Delaine/CCAS

À l’origine de l’événement, la CCAS a en effet donné du relief à ces rencontres. Sublimant, d’édition en édition, ce lieu, ce centre de tourisme du Cap d’Agde, antre des premiers championnats du monde de partie rapide en 2003, où onze des douze meilleurs mondiaux étaient réunis, pour lui forger une identité dans le monde des échecs.

Celle d’un tournoi à part. D’un lieu de vie, de débats, d’échanges, de fraternité avant d’être un immense terrain de jeu pour toutes ces diversités, d’âges, de nationalités, de talents, de cultures, etc. Aussi, à CAPECHECS, quel que soit l’exploit, il est retentissant. Il génère la même émotion, le goût universel de la victoire, du dépassement de soi.

Une ronde universelle

Pour cette 17e édition, la première norme de maître international obtenue par Marco Materia, à seulement 10 ans et quelque mois, le double sacre d’Alexey Sarana, le Russe invité de dernière minute, dans le trophée Karpov et le blitz 25 (une première) appartiendront à jamais à l’histoire du Cap, à la leur, au même titre que la 30e place dans le tournoi du cavalier de Grégory Yard, premier agent des IEG, pour sa première participation. C’est ça, CAPECHECS. Cette ronde universelle où, durant dix jours, joueurs, organisateurs, bénévoles et personnels sur place jouent la même partition, selon leurs prérogatives et capacités pour donner du sens au vivre ensemble.

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Trophée Karpov, dans la salle Molière. Aleksey Sarana (à g.), 19 ans, originaire de Moscou, GMI depuis 2017, et gagnant du trophée. ©Didier Delaine/CCAS

D’année en année, il y a les chiffres. Toujours aussi éloquents pour ce cru 2019 : avec encore près de 850 inscrits dans les différents tournois, 40 % de jeunes de moins de 20 ans, dont les colos CCAS, 28 GMI, 24 MI et 30 nationalités différentes.

Mais il y a surtout cette alchimie parlante, cette osmose tangible « autour d’un échiquier » et d’un jeu vertueux. Capable « d’apaiser le conflit des générations », que ce soit dans les opens classiques, ou dans un match défi entre le jeune prodige indien de 15 ans Nihal Sarin et son aîné de cinquante ans Anatoly Karpov, artisan fidèle de la renommée du tournoi.

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Plus d’un demi-siècle sépare Anatoly Karpov, 68 ans, de Nihal Sarin, 15 ans. Le prodige indien, 12e champion du monde, est le recordman absolu de victoires en tournoi individuel, avec 185 titres. ©Didier Delaine/CCAS

Mais vingt-cinq ans ont passé… avec des changements de cap au niveau de l’organisation. Libres ou obligés… Et si la notoriété et l’internationalité de l’événement attirent toujours plus l’élite de la discipline vers le tournoi à norme, l’idée originelle, elle, s’est un peu évaporée. Celle imaginée, en 1994, par le mouvement syndical, et portée par la CCAS, la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT) et la FFE, entre autres, qui était de faire « rentrer les échecs » dans les IEG, les SLVie… et le monde de l’entreprise en général.

Or, les régionales CMCAS, les finales « inter comités d’entreprise » ne sont plus que des souvenirs au Cap. Quand, parallèlement, sur une initiative fomentée sur… CAPECHECS en 2007, dans le cadre des semaines Soyez sport, la discipline échecs « éclabousse » avec succès les centres de vacances de la CCAS, pendant les congés. Pour des moments de partage souvent qualifiés de rencontres inoubliables… À l’instar de celles du Cap d’Agde, de l’avis de tous les participants.

Et ce alors que la CCAS, en collaboration avec Europe Échecs, proposent des activités Échecs dans les centres de vacances aussi bien en été qu’en hiver. Lesquelles rencontrent un vif intérêt de la part des bénéficiaires. A l’instar de celles du Cap d’Agde, qualifiées d’inoubliables par la majorité des participants.

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CAPECHECS, une rencontre entre amateur·es par définition intergénérationnelle. ©Didier Delaine/CCAS


Les échos du Cap

« Ce tournoi est très spécial ! »

Nihal Sarin, 15 ans, demi-finaliste du trophée Karpov

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Nihal Sarin, 15 ans, sacré champion du monde U10 avant de partager la 1ère place du championnat du monde U12 en 2015. ©Didier Delaine/CCAS

« Ce tournoi est très spécial ! L’ambiance qui y règne est totalement différente de celle des autres tournois. C’est convivial et on a le sentiment d’être en famille. Et puis, avec la mer très proche, la possibilité de se balader, de s’adonner à d’autres jeux, sur place, c’est très bon pour la relaxation et la concentration. »


« Pour moi, c’est une première ! »

Stéphanie Mesmin, assistante RH au CNPE de Cruas, CMCAS Valence

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Stéphanie Mesmin entourée de sa famille : Frédéric, Alexis 10 ans et Dorian 17 mois. ©Didier Delaine/CCAS

« Pour moi, c’est une première ! Je trouve l’ambiance très sympa. Cela dit, en attendant peut-être d’y prendre part en tant que joueuse l’année prochaine, ce qui n’était pas possible cette fois-ci avec les enfants, je regrette que sur le centre, il n’y ait que les échecs et pas d’activités annexes. Certes, il y a la mer, la découverte de la région, mais attendre tout l’après-midi que Frédéric [inscrit dans le tournoi du cavalier, ndlr] finisse ses parties, c’est un peu long…

Par contre, je trouve que ce brassage de culture, avec toutes ces nationalités, est très intéressant, malgré la barrière de la langue. De toute façon, nous favorisons ce concept de vacances avec d’autres salariés, d’autres personnes de pays étrangers, la différence quoi… car je trouve que c’est très enrichissant. Même s’il faut avouer que sans le tarif socialisé, c’est clair que nous n’aurions pas pu venir ici. »


« Quelle fierté ! »

Grégory Yard, ingénieur stratégie et exploitation hydraulique à EDF, 1er agent finaliste, CMCAS Lyon

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Grégory Yard entouré de sa compagne Amandine et de leurs enfants Léa 7 ans, Capucine, 5 ans et Bastien, 2 ans. ©Didier Delaine/CCAS

« Ce n’est que du bonheur ! En tant que novice, j’ai été happé tout au long de la semaine par cette ambiance si particulière. Au niveau du résultat, quelle fierté d’avoir terminé 30e du cavalier et 1er agent des IEG du tournoi.

Mon objectif, dans les années à venir, c’est de prendre part au grand prix. Mais au-delà, je pense qu’ici tout se conjugue : le plaisir de la compétition, le fait d’être en famille, la magie des infrastructures, et le bonheur de côtoyer des stars de la discipline, des GMI. J’ai ainsi pu échanger avec Laurent Fressinet, « embêter » Maxime Vachier-Lagrave, lors de son passage sur le site, pour une dédicace. Plus sérieusement, je trouve que cette proximité avec les joueurs, quels qu’ils soient, est très sympa en général. Cela crée vraiment des liens entre nous. »


« Mon père m’apporte le mental »

Mohamed-Jad Toumi, 13 ans, champion du Maroc en 2016 et 2017, vice-champion arabe des moins de 10 ans

À g. : Mohamed-Jad et son père Younès, gérant d’entreprise. À dr. : demi-finale du blitz. ©Didier Delaine/CCAS

Mohamed-Jad : « Ce que j’aime ici, par rapport aux autres tournois, c’est que l’on a la possibilité de faire des choses en dehors des échecs, sur place. Je me suis d’ailleurs fait des potes, dont un qui était déjà là, l’année dernière. C’est bien d’échanger comme ça… Au niveau de la compétition [le tournoi du cavalier], mon père m’apporte la psychologie, le mental. Et pour la technique, je peux toujours profiter de la présence des grands maîtres pour aller voir leurs parties et apprendre.

Younès : « C’est un plaisir de l’accompagner et d’être ici. Il y règne une superbe ambiance, déjà perçue l’année dernière pour notre première participation. De toute façon, mon fils adore les échecs et il est épanoui, alors que demander de plus ? Et puis, au niveau de l’organisation, c’est un acte remarquable que de réunir un maximum de personnes sans aucune distinction. D’ailleurs, je pense que pour l’année prochaine, je vais tout faire pour participer moi aussi à un tournoi ! »


Les 25 ans vus par…

« Forcément, l’évolution de CAPECHECS interpelle »

Pascal Lazarre, ancien président de CAPECHECS et ancien vice-président de la CCAS, fondateur des Rencontres

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Cérémonie de clôture des 17e rencontres de CAPECHECS. ©Didier Delaine/CCAS

« Forcément, l’évolution de CAPECHECS interpelle. Avec l’érosion de la représentativité des comités d’entreprise, des régionales CMCAS, ce sont les difficultés du mouvement syndical qui rejaillissent sur l’événement. Pour autant, il ne faut pas être fébrile dans l’adversité. Organiser, créer, essaimer la pratique des échecs, c’est un défi humain, une démarche fraternelle. En créant les Rencontres, nous voulions confronter les champions aux débutants ou passionnés, aux agents, et non pas dans un but élitiste, mais bien pour qu’il y ait ce contact entre « deux mondes » à travers des projets de partage.

Au-delà, il y avait aussi la volonté de montrer au public, aux élus de la République présents sur la manifestation, la capacité de la CCAS à organiser un tel rassemblement, mais aussi son utilité, souvent contestée, dans le domaine du social. Pour les 25 ans, et en regardant l’avenir, je pense qu’il faut refaire partager ces rencontres par le monde du travail, les salariés. Que ce lieu redevienne un lieu de vie, de débats, d’échanges, et un reflet de ce qui se passe dans les Activités Sociales. Et les échecs doivent être ce support, ce levier. C’est, en partie, la substance de mon prochain livre « l’Aventure Capechecs ». »


« Cette pratique des échecs est émancipatrice »

Bachar Kouatly, président de la Fédération Française d’Echecs, président délégué de la Fédération internationale des échecs

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Bachar Kouatly, président de la FFE ©Didier Delaine/CCAS

« C’est un lieu qui a accueilli tant de noms, de numéros 1 mondiaux. Qui a accueilli, entre autres, le Tournoi des continents en 1998, le Championnat du monde en 2003… Dans quel but initial ? Celui de montrer notre capacité à faire le lien, aussi intergénérationnel, entre ces légendes et le monde des IEG, des Activités Sociales. Ce mélange des genres, de l’excellence et des débutants, doit démontrer que cette pratique des échecs est émancipatrice, développe l’esprit critique.

D’ailleurs, une partie de la politique que l’on développe aujourd’hui à la fédération émane des rencontres – et non pas un tournoi – du Cap et de la politique des Activités Sociales. C’est ici qu’est né le concept des échecs dans les centres de vacances, en 2007, en s’appuyant sur ce qui était fait dans les colos. À ce titre, des fils d’agents des IEG qui ont démarré par les activités échecs sont aujourd’hui en équipe de France. Aussi, j’ai toujours un regard bienveillant sur les Activités Sociales. Et sur la spécificité du Cap qui représente l’unité de lieu, ce qui en fait sa singularité et sa « saveur » que l’on doit à Pascal Lazarre qui a porté un projet pour la communauté. »


« Tout le monde a sa place ici »

Bob Textoris, président de CAPECHECS

À g. : Bob Textoris, président de CapÉchecs. À dr. : ambiances à CAPECHECS.

« La longévité de l’événement est liée à sa configuration depuis 1996. Avec la création des opens et le trophée Karpov, quelle que soit sa forme. À partir de 2012, avec la création de l’association CAPECHECS, la dynamique ne s’est pas enrayée, même en passant sur une manifestation annuelle. De toute façon, pour tenir « l’équilibre CAPECHECS », il faut impérativement qu’il y ait la CCAS et l’expérience de son personnel qui s’accroît d’année en année. Ensemble, nous contribuons à ce qu’est l’événement : un incontournable au niveau des échecs, reconnu dans le monde entier.

Alors, sans doute, il manque un lien, une cohérence entre le développement des échecs dans les centres de vacances, dans les structures de vie des Activités Sociales et l’événement. Pourtant, tout le monde a sa place ici. Il ne faut pas oublier qu’on y vient avant tout pour le plaisir de jouer. »


« À nous de redonner de la visibilité à notre action »

Claude Pommery, secrétaire général de la CCAS

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Claude Pommery, secrétaire général de la CCAS ©Didier Delaine/CCAS

« La CCAS, et plus largement le mouvement syndical, restent les piliers fondateurs de CAPECHECS. Même lorsque en 2010 des difficultés financières sont apparues, et que l’avenir de l’événement était compromis, nous n’avons jamais songé à arrêter… Pour nous, CAPECHECS symbolise cette volonté de favoriser l’accès à la culture, de vulgariser les pratiques, notamment à travers les échecs qui sont indéniablement un moyen d’émancipation, vecteur de brassage, de solidarité, etc.

Au-delà, nous démontrons les capacités de la CCAS à faire vivre un événement d’envergure mondiale, au sein de son patrimoine. Certes, il faut se poser la question de la disparition des régionales et de la non-prise en compte des CMCAS de cette manifestation. À nous de redonner aussi du sens à ce rassemblement, de la visibilité à notre action afin de favoriser une plus grande participation des agents des IEG, qui pourront aussi sur place se rendre compte de nos compétences en matière d’innovation, de création. Pourquoi pas en organisant des séjours à thème… dans le futur. »


« Les mentalités dans l’entreprise ont changé »

Claude Colin, ancien président de la FSGT Échecs, en 1994

« Je me souviens que Pascal Lazarre est venu me voir, en 1993, pour que la FSGT, ainsi que la FFE présidée alors par Jean-Claude Loubatière, lui apportent son expertise. Sachant que notre vocation vise à « intégrer le sport » dans le monde du travail et à favoriser sa pratique par les salariés. Notre devise « le sport pour tous » s’appliquait bien évidemment aux échecs, un sport dans lequel « l’adversaire est l’ami qui nous fait progresser ».

Or cet état d’esprit aujourd’hui a un peu disparu. Le monde de l’entreprise a changé. Et les mentalités avec. Pour ma part, je trouve que l’on est plus sur de l’événementiel que sur du rassemblement, de la rencontre. »

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