« Changer notre relation à la démocratie »

Elisa Lewis est vice-présidente du collectif Démocratie ouverte et co-auteur du livre intitulé Le coup d'état citoyen paru aux éditions La Découverte. ©DR

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Entretien avec Elisa Lewis, vice-présidente du collectif Démocratie ouverte, coauteure du « Coup d’État citoyen », aux éditions La Découverte.

En France, les expérimentations démocratiques sont-elles nombreuses ?

Face à l’essoufflement de notre modèle démocratique, des perspectives se tracent à travers un foisonnement d’expérimentations. En France, cela se traduit par une tendance à vouloir repolitiser la politique et faire émerger de nouveaux responsables politiques sur la base d’une mobilisation citoyenne. Au niveau national, par exemple, Parlement-et-citoyens.fr permet aux citoyens et aux parlementaires de coécrire les lois sur une plateforme numérique. Localement, des listes citoyennes émergent de communes comme à Saillans (Drôme) où les « habitants-élus » ont mis en place un fonctionnement collégial et participatif au sein de la mairie. Certes, pour le moment, le mouvement a du mal à dépasser le cercle des convaincus et des militants. Pour que la démocratie fonctionne, il faut d’abord que les gens s’emparent de ce pouvoir d’agir au quotidien. C’est notre relation à la démocratie qu’il faut changer.

Ces initiatives parviennent-elles à entrer dans le coeur du système ?

En Islande et en Espagne, il y a eu des électrochocs très forts dus à la crise, avec des impacts violents sur la vie sociale et politique. En France, cet électrochoc n’a peut-être pas encore eu lieu. À noter aussi que, dans ces deux pays, tout a d’abord commencé de façon très marginale. Toute la complexité est là : les innovations les plus radicales émanent difficilement du coeur du système et, en même temps, pour réussir à le transformer, il faut parvenir à le pénétrer. En France, on est encore sur des petits partis citoyens même si ce qui émerge répond à une attente. On le voit dans des initiatives innovantes comme LaPrimaire.org, qui souhaite briser le monopole des partis politiques dans la désignation des candidats en faisant émerger des personnes issues de la société civile. Elle rassemble déjà 60 000 sympathisants mobilisés pour participer à l’écriture collaborative des programmes des candidats identifiés aux premiers tours.

Soixante mille personnes mobilisées, est-ce suffisant ?

C’est loin d’être marginal si l’on compare ces chiffres aux 360 000 personnes adhérant à un parti politique. Je crois qu’il y a une vraie appétence pour imaginer d’autres pratiques démocratiques des gouvernances locales. Le local est un terreau d’innovations politiques et démocratiques. Un mouvement très fort est aussi en train de se structurer autour de la « civic tech » (moyens technologiques permettant de renforcer le lien démocratique entre les citoyens et le gouvernement), qui cherche à rééquiper les citoyens dans l’exercice de leur citoyenneté au quotidien.

A lire : Le coup d’état citoyen, Elisa Lewis et Romain Slitine,
La Découverte, 2016, 15 €, 224 p.

Les nouveaux territoires de la démocratie

©S.Guillemin-H.Lucas/AFP

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Institutionnelles ou citoyennes, en assemblées, sur le Net ou les réseaux sociaux, de nouvelles pratiques démocratiques viennent bousculer la prise de parole, la gestion municipale et jusqu’au travail.Voir l’ensemble du dossier 

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