Les pépites du musée Électropolis

Vue intérieure du musée Électropolis.

Vue intérieure du musée Électropolis à Mulhouse. ©Xavier Popy/EDF

L’histoire de l’industrie peut être surprenante, voire amusante. La preuve avec ces cinq objets insolites visibles au musée de l’électricité de Mulhouse, qui éclaire l’histoire de cette énergie et de son utilisation au quotidien.

Le musée Électropolis a ouvert ses portes en 1992, à Mulhouse, grâce au mécénat d’EDF. Depuis, il ne cesse d’évoluer et de s’enrichir. Après avoir fait construire un paysage en modèle réduit long de 80 mètres qui retrace le lien entre les lieux de production et les lieux de la consommation, l’institution a inauguré, en 2018, une salle consacrée aux technologies numériques et à la transition énergétique. Deux ans plus tard, le jardin du musée est devenu un espace d’exposition à ciel ouvert avec une quinzaine de pièces mécaniques imposantes évoquant la production d’énergie.

Cette année, Électropolis va ouvrir une section consacrée à « art et électricité » dans son parcours permanent déjà riche. En effet, avec 12 000 objets du patrimoine de l’électricité, le musée alsacien détient la plus grande collection européenne. En contemplant la ribambelle d’appareils exposés dans une scénographie soignée, dont un fer à repasser-réchaud, un stylo électrique, ou encore un radio-frigo, on a envie de fredonner « La Complainte du progrès » de Boris Vian !



Une des premières piles électriques (XIXe siècle)

Pile Leclanché, 1865, musée Electropolis.

Cette pile de type Leclanché date de 1865. Déjà cylindrique comme nos piles actuelles, elle est plus beaucoup plus imposante. ©Julien Millet/CCAS

Imaginée par l’Italien Alessandro Volta en 1799, la pile est une invention majeure. Jusque-là, on savait accumuler l’électricité statique mais pas en produire. La pile génère un courant continu grâce à une réaction chimique entre des métaux, dans un milieu liquide. Avec elle, des savants tels André-Marie Ampère et George Ohm purent étudier l’électricité et mettre à jour ses lois élémentaires.

Cet objet conservé à Électropolis est une pile « sèche » de la fin du XIXe siècle. Ce type de pile alimenta le télégraphe, première infrastructure électrique en France. Les rares foyers aisés à se doter de l’électricité, dans les années 1860 pour la sonnette d’entrée et pour appeler leurs domestiques utilisèrent des piles identiques à celle-ci. En fait, la pile constitua l’unique source d’électricité pendant 150 ans !

Le radiateur lumineux (1910)

Radiateur à lampe Paz et Silva, 1910, Musée Électropolis.

Radiateur à lampe Paz et Silva, 1910, Musée Électropolis. ©Julien Millet/CCAS

Les premiers radiateurs électriques étaient en réalité des lampes : on utilisait la chaleur que dégageaient les ampoules à incandescence ! Les appareils à convecteurs qui leur succéderont, dépourvus de lampes, seront d’ailleurs présentés comme des « radiateurs obscurs ». Ce radiateur est une pièce rare, fabriquée en France par la société Paz et Silva, pionnière du marché de l’électroménager. Richement orné, il provient d’une chambre du Grand Hôtel, célèbre établissement de luxe parisien. Sa forme évoque un foyer de cheminée pour rassurer les consommateurs habitués à se chauffer au bois. Au début du XXe siècle, les familles équipées d’appareils électriques étaient peu nombreuses. Il fallait avoir les moyens suffisants pour acheter ces équipements mais aussi pour souscrire un abonnement. Enfin, il fallait avoir accès au réseau électrique, encore balbutiant.

Une ampoule décorative (vers 1920)

Lampe à incandescence, début XXe siècle, Musée Électropolis.

Cette lampe à incandescence adaptée aux 110 volts doit sa présence dans le musée à un agent EDF. ©Julien Millet/CCAS

Cette ampoule-fleur a fait partie du décor d’un lieu de spectacle ou d’un casino. Ceux-ci ont été parmi les premiers établissements à se doter d’un éclairage électrique. Dès la fin du XIXe siècle, l’électricité était même intégrée au spectacle, à l’image des « danses lumineuses » de la célèbre chorégraphe Loïe Fuller ou des ballets à l’opéra où les interprètes arboraient, dans le noir, des bijoux éclairés !

Cet objet est entré dans les collections grâce au don récent d’un particulier. Celui-ci était l’héritier d’un agent EDF ayant participé à l’opération du changement de tension du réseau électrique. Entre 1963 et 1980, les foyers sont passés de 110 à 220 volts. Des agents se déplaçaient donc chez les usagers pour les débarrasser des appareils électriques devenus inutilisables – appareils qu’EDF remplaçait. Soyons gré à l’agent qui décida de sauvegarder cette ampoule vouée à la casse!

« L’aspirateur de l’espace » (1959)

Aspirateur "constellation" Hoover, 1959, Musée Électropolis.

Au premier plan, l’aspirateur « Constellation » (1959) inspiré de l’aérospatiale. ©Julien Millet/CCAS

Ce modèle d’aspirateur à traîneaux de la marque américaine Hoover a rencontré un succès dès sa mise sur le marché. Dépourvu de roulettes, il flotte sur un coussin d’air ! Avec sa coque ronde en plastique, il participe à introduire, dans le quotidien, le design inspiré de l’aérospatiale, synonyme de modernité. Le nom du modèle, « Constellation », se réfère directement à l’univers intersidéral. Le public, lui, préféra le surnommer « Spoutnik », d’après le premier satellite lancé trois ans plus tôt, par l’URSS, de forme sphérique lui aussi. Au début des années 1960, la majorité des foyers de l’Hexagone restait peu équipée en produits électroménagers. En une décennie, encouragés par les crédits à la consommation, les Français vont faire l’acquisition de ces appareils symbolisant le confort moderne… à vitesse grande V !

La « Grande machine » (1901)

Grande machine à vapeur à production électrique Sulzer BBC, musée Électropolis , Mulhouse.

Machine à vapeur à production électrique Sulzer-BBC, autour de laquelle a été construit le musée Électropolis. ©Julien Millet/CCAS

C’est ainsi qu’est surnommée la star du musée électropolis, son cœur battant : l’impressionnant groupe électrogène à vapeur de 170 tonnes. Doté D’UN alternateur de marque Sulzer-BBC, CE groupe a alimenté pendant cinquante ans le site de l’usine textile Dollfus Mieg et Cie (DMC).

Le musée a d’ailleurs été édifié pour valoriser cette machine sauvée de la destruction par un groupe d’industriels mulhousiens et EDF en 1978. En parfait état de marche après sa restauration, la « Sulzer-BBC » est mise en route chaque jour, offrant le spectacle de son immense roue en mouvement.

Elle nécessite, comme autrefois, les soins d’un technicien chargé de la graisser toutes les heures, mais elle ne tourne plus avec des chaudières à charbon pour transformer l’eau en vapeur. Elle est maintenant branchée à deux moteurs – le comble pour un groupe électrogène !


Visiter le musée

Tarifs

Musée Électropolis
55, rue du Pâturage, 68057 Mulhouse cedex
Téléphone : 03 89 32 48 50
Site web : musee-electropolis.fr

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