Les zombies à l’assaut de Paris, par Dominique Rocher : « Je veux continuer dans le cinéma fantastique »

Les zombies à l'assaut de Paris, par Dominique Rocher : "Je veux continuer dans le cinéma fantastique" | Journal des Activités Sociales de l'énergie | 42227 Dominique Rocher

Dominique Rocher, réalisateur angevin du long métrage « La nuit a dévoré le monde », en compétition au Festival Premiers Plans Angers 2018. ©Charles Crié/CCAS

Dominique Rocher est l’un de ces jeunes réalisateurs qui vit les prémices de sa carrière au festival Premiers Plans à Angers. Il présentait son premier long métrage, « La nuit a dévoré le monde », lors de la 29e édition, qui s’est achevée le week-end dernier. 

C’est un film de zombies, certes. Mais ce n’est pas un film de zombies comme les autres. Au lendemain d’une fête, Sam, le personnage principal, se retrouve dans un Paris déserté. Les zombies ont dévoré les êtres vivants. Morts, ils le sont tous. Sauf lui. Confronté à la solitude extrême, Sam lutte pour survivre pendant une année entière, dans un immeuble bourgeois des beaux quartiers de Paris. « La nuit a dévoré le monde » est l’histoire de ce combat contre la folie que peut provoquer l’isolement.

En adaptant le roman de Pit Agarmen, Dominique Rocher signe un premier essai à l’esthétique parfaite. La musique est belle, les images appellent à la rêverie ou à l’angoisse. Difficile de croire qu’il s’agit d’une première fois. En réalité, le jeune réalisateur n’est pas totalement novice. Il a déjà réalisé plusieurs courts métrages diffusés à la télévision. Il travaille aussi sur une mini-série pour Arte. Son film était en compétition pour le prix du premier long métrage, décerné un jury des Activités sociales de l’énergie. S’il n’a pas remporté le prix, il reste notre coup de coeur au festival Premiers plans.


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Comment avez-vous réussi à mettre en image un Paris vide ?

On a utilisé beaucoup d’effets spéciaux numériques. Par exemple, on effaçait des gens. On a aussi occupé un petit bout de rue pendant plusieurs semaines. C’est ce qui nous a permis de donner l’illusion d’un Paris vidé d’humanité.

La question que l’on se pose de manière assez évidente après avoir vu le film : « Qu’aurais-je fait à la place du personnage principal ? » Avez-voulu jouer sur cette interrogation ?

Oui, on a voulu jouer avec la tension du spectateur. Pendant les vingt premières minutes, on se sert des ellipses. On aurait pu filmer cela autrement, montrer la panique du début, lorsque le personnage découvre qu’il est entouré de zombies. Mais pour moi, ce genre de scène avait déjà été vu. On a préféré suggérer ces moments sans les raconter.

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Votre film est assez proche de celui de Safy Nebbou, Dans les forêts de Sibérie, du point de vue de la solitude. Y avez-vous pensé ?

Je n’ai pas vu « Dans les forêts de Sibérie ». Mais il est vrai que nous avons conçu le film comme un film d’île déserte. Nous avons voulu montrer l’isolement dans l’une des villes les plus denses du monde. Tout tourne autour de ce sujet. La question principale est : comment on sort et on survit à cela ? Quand j’ai lu le roman de Pit Agarmen, j’ai immédiatement su que je l’adapterais au cinéma. Ce qui m’a plu, c’est le sentiment de solitude qui s’en dégage, le côté misanthrope du personnage.

On vous a senti très ému lors de la projection de ce premier long métrage.

Forcément. C’était hyper-émouvant. Étaient présents des gens de ma famille et mes proches [Dominique Rocher est né à Angers, ndlr]. Ils étaient donc plutôt bienveillants. Maintenant, j’attends les éléments plus critiques, les réserves. En tout cas, il semblerait que le film ait provoqué de la tension chez les spectateurs qui m’en ont parlé. On avait beaucoup travaillé sur cet aspect-là au montage. Isabelle Manquillet a fait un travail admirable. On était contents d’avoir réussi à transmettre la tension dans ce film, qui est quasiment muet.

Que représente ce long métrage pour vous ? Vous aviez déjà réalisé plusieurs courts métrages.

J’ai le sentiment de commencer ma carrière dans le cinéma. Ce que j’ai créé avant menait au long métrage. Le court métrage, c’est toujours un peu frustrant. On n’est pas complètement à l’aise. Le long métrage permet de développer ses idées et de s’exprimer. J’ai déjà hâte de me lancer dans un deuxième film. Je passe mon temps à y réfléchir. À ce que je pourrais faire.

Vous avez choisi de tourner avec Golshifteh Farahani et Anders Danielsen Lie. Pourquoi avoir commencé avec de telles personnalités ?

Anders Danielsen Lie est certes connu dans le milieu du cinéma, mais pas vraiment par le grand public. J’ai essayé de prendre en compte ce que sait le public. Anders a un jeu intense, il est très beau. Il est obsédé par la justesse. J’ai passé une semaine en Norvège avec lui. On s’est très bien entendus. J’ai appris à le connaître et réécrit entièrement le scénario pour lui. J’ai décidé d’accentuer l’aspect musicien du personnage. Anders a étudié au conservatoire. D’ailleurs, les cassettes que l’on voit dans le film lui appartiennent. Il les a depuis qu’il est enfant. Golshifteh est pour moi l’une des meilleures actrices actuelles. C’était le choix idéal. Elle incarne le rêve, le fantasme. Elle a un côté fée, irréel. J’ai toujours pensé à elle pour ce rôle.

Où vous voyez-vous dans cinq ans ?

Je veux continuer dans le cinéma fantastique. Ce genre me tient à cœur. D’autant plus qu’il existe peu en France.

Quels conseils pourriez-vous donner à un jeune qui souhaite se lancer dans le cinéma ?

C’est difficile. Des jeunes à la fin de la projection sont venus me voir. La seule chose que je conseillerais, c’est de se lancer. De se confronter à l’objet, d’entrer dans le concret. Il ne faut jamais avoir peur de faire.

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