Précarité énergétique, cause commune de l’Europe

Précarité énergétique, cause commune de l'Europe | Journal des Activités Sociales de l'énergie | 31493 Banderole contre la precarite energetique a Valence Espagne en fevrier 2014

« L’énergie comme bien de première nécessité. » Banderole contre la précarité énergétique à Valence (Espagne), en février 2014. ©Imagen en Acción

Alors que la Commission européenne finalise son quatrième paquet énergie et climat, qui prévoit en particulier de mettre fin aux tarifs régulés de l’énergie, une coalition sans précédent d’organisations de la société civile se mobilise pour défendre le droit à l’énergie de tous les Européen·ne·s.

Cette campagne part du constat que l’Europe, pourtant une des régions les plus riches de la planète, reste en proie à une précarité énergétique massive. Près de 125 millions de personnes ne peuvent pas se chauffer convenablement, et 20 000 autres décèdent chaque hiver prématurément, pour moitié à cause du froid dans leurs habitations.

Les trois quarts des logements au sein de l’UE sont en effet déficients quant à leur isolation et donc leur efficacité énergétique. Tous ces chiffres proviennent des recherches menées par les chercheurs de l’European Fuel Poverty and Energy Efficiency.

Trois revendications essentielles

Les organisations prenant part à cette campagne portent devant les parlementaires européens, qui seront amenés à voter le quatrième paquet énergie, trois revendications. La première est « la reconnaissance dans la législation de l’UE de l’énergie à un prix abordable comme droit de l’homme de base ». La seconde est « l’interdiction de la déconnexion des ménages à faible revenu et des consommateurs vulnérables ». La troisième est « la priorisation des ménages à faible revenu dans les initiatives de rénovation énergétique » de manière à ce qu’il n’y ait « aucun coût supplémentaire de logements ou sur les factures afin de traiter l’une des causes principales de la pauvreté énergétique ». « Augmenter l’efficacité énergétique, à travers des efforts de grande ampleur dans toute l’Europe, et changer nos modes de production au bénéfice des énergies renouvelables produites par les citoyen·ne·s où des communautés ont un rôle décisif à jouer dans la réduction de la pauvreté énergétique », affirme le manifeste.

La grande nouveauté de cette campagne est qu’elle est portée par une coalition d’organisations venant d’horizons divers, et souvent peu habituées à travailler ensemble. « C’est la première fois qu’organisations syndicales et institutions de la société civile parviennent à une telle plateforme de revendications communes », souligne Valérie Gonçalvès, secrétaire générale de Droit à l’énergie SOS Futur, une des chevilles ouvrières françaises de cette alliance. On y trouve en effet des organisations syndicales, comme l’European Trade Union Confederation (dont sont membres, en France, la CFDT, la CGT, la CFTC, FO et l’Unsa) ou l’European Public Service Union (EPSU, qui défend, à l’échelle de tout le continent européen et non de la seule UE, les services publics, leurs salariés et leurs usagers) ; des organisations de lutte contre la pauvreté, en particulier énergétique, comme l’European Anti Poverty Network, Social Platform ou Droit à l’énergie SOS Futur ; ou encore des organisations de défense de l’environnement, comme Greenpeace ou Friends of the Earth.

Colloque et observatoire

Faire travailler autour d’un objectif commun des organisations de culture et de tradition aussi diverses n’est pas allé de soi. « La recherche du consensus le plus large a impliqué pour nous comme pour l’EPSU, de renoncer à ce que la défense des tarifs réglementés figure dans la plateforme revendicative, car une organisation comme Greenpeace y est hostile au nom de sa défense des énergies renouvelables, qui reposent sur des tarifs très subventionnés, rappelle Valérie Gonçalvès. Mais le principal, comme chaque fois que nous participons à un combat plus large, est de garder en ligne de mire l’essentiel : pour nous, l’interdiction des coupures d’électricité aux ménages précaires. »

Lancée en juin, cette coalition va, à présent, jouer des effets multiplicateurs des réseaux des uns et des autres pour peser sur les parlementaires européens. Droit à l’énergie SOS Futur a ainsi un rendez-vous avec les eurodéputés du groupe Gauche unie européenne en septembre, tandis que l’organisation d’un colloque européen à l’automne est au programme. Côté institutionnel, cette pression semble déjà porter ses fruits puisque la création d’un Observatoire européen de la précarité énergétique vient d’être annoncée par la Commission européenne. Ni sa composition ni ses missions ne sont encore précisées, mais l’annonce même montre, selon Valérie Gonçalvès, que « la question de la précarité énergétique est en train, grâce à notre action, de s’inscrire sur l’agenda européen ».

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