« 1336 » : une lutte et une marque de nouveaux thés

Présentation des nouveaux thés "1336"©D.Delaine/ccas

Présentation des nouveaux thés “1336” © E.Raz/ccas

Cinquante-huit ex-Fralib, aujourd’hui Scop-TI, ont lancé leur marque de thés et infusions le 27 mai. « 1336 », comme 1336 jours de bataille face au géant Unilever, qui avait fermé l’usine de Gémenos en 2010. Histoire d’une renaissance.

Slogans et revendications ont disparu des murs. Ils s’affichent désormais sur les boites de thé naturel ou bio. Ce 26 mai, un an jour pour jour après la signature d’un accord de fin de conflit avec le groupe industriel Unilever, les cinquante-huit anciens salariés de Fralib aujourd’hui réunis au sein de Scop-TI (Société coopérative ouvrière provençale de thés et infusions) savourent avec émotion leur victoire. Et la renaissance de leur outil de production. À 13h36, leur marque de thés et infusions est enfin dévoilée : « 1336 », pour autant de jours de lutte contre Unilever, pour la préservation de leurs emplois et savoir-faire. Plus de quatre ans ont passé, depuis ce mois de septembre 2010, lorsque le géant américain décide de fermer l’usine pourtant rentable de Gémenos (Bouches-du-Rhône), vouant au chômage 182 salariés. « Une claque, se remémore Marie Sasso, aujourd’hui « Scoptiste ». Mais nous n’avons pas baissé les bras, nous avons cru un autre modèle économique possible et sommes fiers de présenter maintenant notre marque ».


Lire notre dossier sur les Scop dans le Journal n°342 de mars 2013


L’humain au centre

Les machines se remettent en route. Vingt salariés pour l’heure, ils seront vingt-neuf fin juin. « L’objectif est de réembaucher les 58 coopérateurs d’ici trois ou quatre ans », prévoie Gérard Cazorla, président de Scop-TI et figure de proue de la lutte. L’entraide joue toujours. « La priorité était de faire des contrats aux plus jeunes qui arrivaient en fin de droits chômage. Pour nous qui sommes encore indemnisés, cela peut attendre », glisse Marie Sasso. Depuis le début, les prises de décisions sont collégiales. Le conseil d’administration compte onze membres, dont trois constituent le comité de pilotage et chaque orientation est discutée en assemblée générale sur le principe d’ « une femme, un homme, une voix », tient à préciser Olivier Leberquier (1), directeur général de la coopérative vêtu de l’éternelle blouse verte dont seul le logo a changé, et coiffé d’une casquette rouge, « une couleur qui nous plaît bien ».

« Un autre modèle économique »

Également débattue, la question des salaires a été tranchée : le plus bas s’élève à 1 600 euros, le plus haut à 1 900. « Auparavant, le rapport était de 1 à 210 », aiment à rappeler les néo-entrepreneurs, référence au salaire du PDG monde d’Unilever. « Nous voulons prouver qu’il existe des alternatives au seul modèle économique vanté, insiste Olivier Leberquier. En plus de la somme finalement abondée par Unilever pour la constitution de la Scop, et des 7 millions d’euros que représentent les machines et les locaux, les coopérateurs ont versé leurs indemnités de licenciement – 177 000 euros – au capital. Des fonds qui ne seront pas rémunérés : nous n’avons pas l’intention de devenir actionnaires ».

Leur détermination passe par d’autres démarches : « l’approvisionnement sera réalisé essentiellement en France. Pour cela nous souhaitons à notre modeste niveau relancer la filière de production de plantes, détruite ces vingt dernières années par la politique menée par les grands groupes ». D’un partenariat formé avec le syndicat du Tilleul de Buis-les-Baronnies, naîtra notamment un millésime. La Scop envisage des partenariats à l’étranger pour les plantes introuvables en France, comme au Vietnam, où un voyage prospectif a mené quelques-uns d’entre eux au début du mois.

Des défis à relever

Les plus grandes difficultés passées, restent de nombreux paris à gagner. Pérenniser l’activité ; trouver un écho favorable auprès des consommateurs, appelés à se convertir en « consom’acteurs ». Déjà bien pourvue, la gamme sera disponible dès l’automne en grande distribution pour « 1336 », et dans les réseaux de magasins bio pour la marque « SCOP-TI ». L’entreprise a d’ores et déjà reçu de nombreux soutiens du monde syndical, de comités d’entreprises ou de la CCAS et de CMCAS.

« Au fil du temps, devine Amandine Viornery de l’équipe marketing, on a pris conscience d’un combat légitime et des valeurs universelles défendues. D’où l’impact de ce véritable cas d’école ». Gérard Cazorla convient : « Nous savons que nous sommes regardés et attendus. Nous n’avons pas d’autre choix que de réussir ».

Chaîne de montage des emballages "1336"©D.Delaine/ccas

Chaîne de montage des emballages “1336” ©E.Raz/ccas

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(1) Lors de la soirée « L’utopie au travail » organisée à la Géode à Paris pour le cinquantième anniversaire de la reprise en main des Activités Sociales, Olivier Leberquier était invité à monter sur la scène de la Géode.

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4 Commentaires
  1. Savary 9 ans Il y a

    ou peux t on acheter votre thé?

  2. Pascal 9 ans Il y a

    Bravo à toute l’équipe .
    Demandons ce thé auprès de nos commerces locaux.
    Pourquoi ne pas envisager également une vente de ces produits en SLVie ?
    Le combat continue !

  3. vivant 9 ans Il y a

    bravo ! bravo ! bravo ! si toutes les sociétés qui ont été mises à terre pouvaient faire de même ce serait génial ! le savoir faire français serait sauvé – j’achéterai dorénavant que votre thé « 1336 » sinon rien ! courage à tous

  4. gelis 9 ans Il y a

    bonjour, comment peut-on commander du thé de chez fralib (1336) ?
    merci

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