Et le climat dans tout ça ?

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Manifestation des Indiens d’Amérique contre le projet d’oléoduc Dakota Access, en novembre 2016 à Toronto. ©Shutterstock

L’optimisme reste de rigueur malgré les prises de position alarmantes du nouveau locataire de la Maison-Blanche.


Le 28 mars dernier, Donald Trump signait un décret ordonnant le réexamen du Clean Power Plan mis en place par Barack Obama. Cette loi organisait la fermeture progressive des centrales thermiques les plus polluantes, en particulier celles fonctionnant au charbon, de loin les plus grandes émettrices de gaz à effet de serre. En abandonnant ce plan, Donald Trump envoie un signal désastreux quant à la lutte contre le réchauffement climatique, auquel il dit, contre le consensus scientifique international, ne pas croire.

Mais la dynamique née du succès de la COP21 à Paris fin 2015 n’est pas morte pour autant. Il y a pourtant de quoi être inquiet. Donald Trump a signé le décret contre le Clean Power Plan dans les bureaux de l’Agence américaine de protection de l’environnement, dont il venait d’amputer le budget de 20 %. Trump a aussi nommé à la tête de l’agence un climatosceptique militant, Scott Pruitt. Cet ancien procureur général de l’Oklahoma, état dont l’économie dépend pour beaucoup du pétrole, a déclaré, à peine nommé, que le texte issu de la COP21 est un « mauvais accord ». Après avoir autorisé la construction de l’oléoduc géant reliant le coeur des États-Unis aux gisements pétroliers de l’Alaska, décision là aussi bloquée par Obama, Trump tient sa promesse de campagne d’orchestrer une « nouvelle révolution énergétique célébrant la production américaine sur le sol américain » à base de charbon, mais aussi de gaz, pétrole, et huiles de schiste.

Retour aux années Bush

Ce tournant de l’administration américaine, redevenue hostile, comme sous les années Bush, à la lutte contre le réchauffement climatique a suscité de très vives réactions outre-Atlantique. L’ancien président Obama avait pris les devants en publiant dès janvier une tribune dans le magazine ‘Science’. « Les émissions de CO2 du secteur énergétique ont chuté de 9,5 % entre 2008 et 2015 tandis que l’économie a crû de plus de 10 %, rappelait-il. Malgré les incertitudes politiques auxquelles nous faisons face, je reste convaincu qu’aucun pays n’est mieux préparé à affronter le changement climatique et à tirer les bénéfices d’un futur bas carbone que les États-Unis et que continuer la participation au processus de Paris fournira de grands avantages pour le peuple américain et la communauté internationale. » C’est la première fois de l’histoire séculaire de la prestigieuse revue scientifique qu’un président américain s’exprimait dans ses colonnes.

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Terre de résistance contre le Dakota Access, le camp Oceti Sakowin a été évacué par l’armée en février dernier (ici, en janvier 2017). ©Shutterstock

Vent debout contre Trump

L’ancien vice-président (démocrate) Albert Gore, colauréat du prix Nobel de la paix 2007 pour son engagement contre le réchauffement climatique, a lui aussi vivement condamné la politique de l’administration Trump, sans pour autant perdre son optimisme. « Quel que soit le découragement que peut inspirer ce décret, nous devons, nous pouvons et nous allons régler la crise climatique. Aucun homme ou groupe ne peuvent entraver la montée en puissance que nous connaissons aujourd’hui du combat pour protéger notre planète », a-t-il déclaré.

Au-delà du monde politique, une bonne part de la société civile américaine est aussi vent debout contre l’administration Trump. Michael Brune, directeur du Sierra Club, plus ancienne organisation de protection de l’environnement aux États-Unis, affirme que « les verrous que M. Trump veut faire sauter – comme le Clean Power Plan – reposent sur une base légale forte. La société civile va avoir la possibilité de faire entendre ses objections. Trump ne peut effacer nos progrès en matière d’énergie et de climat d’un trait de stylo, et nous nous battrons contre lui dans les tribunaux et dans les rues ».

De même que les décrets présidentiels interdisant l’entrée aux États-Unis des citoyens originaires de plusieurs pays du Moyen-Orient ont été cassés les uns après les autres par les tribunaux américains, le Sierra Club pense que la politique climatosceptique de Donald Trump pourra être contrecarrée par des moyens juridiques. « Ceux qui ont été aux avant-postes de la transition énergétique aux États-Unis, ce sont les États fédérés et les villes », souligne Célia Gautier, de Réseau Action Climat, qui en conclut que « l’action en faveur du climat va se poursuivre ». Des villes importantes comme Georgetown (Texas) ou Salt Lake City (Utah) sont engagées sur des voies les menant d’ici moins d’une génération à utiliser 100 % d’énergies propres. Et ce ne sont pas les gesticulations du nouveau locataire de la Maison-Blanche qui pourront les en détourner.

L’accord de Paris brûle-t-il ?

Ancien président de la COP21 en qualité de ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius a qualifié de signe « inquiétant » le fait que « les Américains ont refusé de confirmer l’engagement du G20 pour appliquer les objectifs de l’accord de Paris ». Une telle attitude unilatérale pourrait influencer d’autres pays réticents à s’engager dans la lutte contre le réchauffement climatique, comme l’Arabie saoudite, le Japon ou la Russie. « Si le président américain ne remplit pas les obligations souscrites par son prédécesseur, eux-mêmes ne vont pas se précipiter », souligne l’actuel président du Conseil constitutionnel, qui n’est sorti de la réserve qu’impose sa fonction que parce que la politique de Donald Trump lui semble avoir des « conséquences très graves » sur le réchauffement global, qui peut lui-même influer à long terme « sur les paix et sur les guerres ».

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