Faire rimer sport et santé

Le Docteur Frédéric Costa, Médecin Conseil de la C.C.A.S. © Eric Raz/ccas

Le Docteur Frédéric Costa, Médecin Conseil de la C.C.A.S. ©Éric Raz/ccas

Interpeller les bénéficiaires sur des questions de santé publique, en rapport ou non avec une pratique sportive, c’est le pari des Activités Sociales. Entretien avec le Dr Frédéric Costa, médecin conseil de la CCAS et focus sur une initiative autour du don d’organes, lors de la RSN de Voile habitable à Marseille.

Informer, prévenir, éduquer à la santé… Les Activités Sociales s’y attachent depuis toujours. Le faire sur un temps de pratique sportive est pertinent à plus d’un titre, comme le souligne de Dr Frédéric Costa, médecin conseil auprès de la CCAS.

Le Journal : Coupler santé et sport, une volonté mise en œuvre de longue date par les Activités Sociales…
Dr Frédéric Costa : Les actions santé, d’information, de promotion et d’éducation à la santé existent sur les Rencontres sportives nationales (RSN) depuis 2008 mais ont été un temps suspendue. Emmanuel Salles, élu à la Commission Activités physiques, sportives et de loisir m’a demandé de remettre en place ce « jumelage » pour l’ensemble des RSN à venir (Lire l’entretien). Ce qui m’a permis de les repenser, et d’effectuer des propositions de thèmes d’interventions. Nous avons ainsi mis en place une initiative autour du don d’organes lors de la RSN de Handball, où une personne greffée est venue partager son histoire. Action répliquée ici à Marseille, pour la RSN de Voile habitable, avec la présence d’une infirmière anesthésiste bénévole de l’association partenaire Trans-Forme. D’autres actions sont programmées autour du « manger-bouger », de l’alimentation du sportif, de l’hydratation, des comportements sains à adopter, de la pratique sportive chez les seniors, ou encore autour des risques domestiques… On envisage également des initiatives de formation aux premiers secours. On peut surprendre les sportifs avec des thématiques auxquelles ils ne s’attendent pas forcément, et ainsi créer de l’intérêt.

Le faire sur un temps de loisir sportif, est-ce efficace ?
Le temps de loisir est souvent plus propice à la discussion, à l’échange, que le temps de travail. Pendant les Rencontres, ce qui se joue, c’est justement la rencontre. Normalement on est sur un temps formel de débat, sur le don d’organe comme sur n’importe quel sujet, après les épreuves par exemple. Parfois ce n’est pas possible, donc on est à la rencontre des sportifs sur les temps de pause, de repas. Ceux qui sont intéressés viennent spontanément nous voir. Il s’agit de créer du contact, d’ouvrir la discussion, la réflexion, de répondre aux questions. Les sportifs sont concentrés sur la RSN, ce qui signifie qu’il faut les accrocher sur un laps de temps relativement court, de façon vivante et positive pour capter leur attention. L’avantage avec ces rencontres sportives est que l’on touche des tranches d’âge que l’on touche peu autrement : beaucoup de jeunes, de femmes… Cela fait partie des valeurs de la CCAS sur lesquelles on s’appuie et que je partage : l’émancipation, c’est-à-dire la connaissance. La connaissance du corps par le sport, la connaissance du cœur par la solidarité…

On entend différents sons de cloche concernant les bienfaits d’une pratique sportive plus ou moins intense sur la santé, qu’en est-il ?
À la CCAS, on se positionne avec les Activités physiques et de loisirs sur le sport pour tous. Il y a bien sûr la place pour du sport de haut niveau mais il s’agit avant tout d’être ouvert sur un public familial, intergénérationnel. Je défends la question de l’absolue nécessité de l’activité physique au quotidien, à un niveau correspondant au besoin du corps : la référence c’est tout simplement le « chasseur cueilleur nomade » ! Nous sommes encore programmés pour l’être. C’est inscrit dans notre génétique, même chez les personnes qui disent « détester » faire du sport ! Cela peut être d’aller danser, marcher vite, faire du roller, de la natation, ne pas prendre l’ascenseur ou l’escalator. Le premier bénéficie de l’activité physique est de nous obliger à respirer, nous oxygéner. La respiration active tous les mécanismes de circulation : la circulation artérielle mais aussi le retour veineux. Le sang va pouvoir ainsi circuler dans les zones les plus distales (c’est-à-dire les plus éloignées du centre d’un organe, notamment du cœur, NDLR). Est-ce que le sport de haut niveau est bon pour le corps ? La médecine se penche de plus en plus attentivement sur la physiologie du sport. Il y a toutes sortes d’individus : les endurants, les musculaires… Certains seront faits pour défier les limites de la physiologie, de la logique humaine. D’autres vont peu supporter une grande activité. Quoi qu’il en soit, il faut que la pratique sportive soit encadrée, avec de l’accompagnement nutritionnel par exemple. D’ailleurs, la CCAS travaille en partenariat avec école d’ostéopathie de Lyon, avec cette volonté de prendre soin de ses bénéficiaires sportifs.

« Donneurs de bonheur » Thème de l’initiative choisie lors de la RSN de Voile habitable à Marseille , ce 16 octobre : le don d’organes. En cette veille de la Journée nationale du don d’organes, Isabelle Paucot, infirmière anesthésiste-réanimateur en retraite, bénévole de l’association Trans-Forme , a fait le déplacement, les bras chargés de documentation et des précieuses cartes de donneurs. Membre de différentes équipes médicales dans le monde de la course à pieds et de l’ultra-trail, et notamment de La Course du Cœur dont la CCAS est partenaire, cette hyperactive est habituée à côtoyer un public de sportifs. Ce soir, elle souhaite sensibiliser les bénéficiaires et répondre aux questions que tout un chacun se pose : « qu’est ce que le don d’organes, qui peut donner, qu’elle est la loi, combien de gens sont greffés, qu’elles sont les démarches lorsque l’on veut donner ou non… » Son objectif n’est pas de « convaincre à tout prix », mais avant tout « d’ouvrir la discussion, susciter le débat, informer et faire qu’on en parle autour de soi ». Après les épreuves du jour, les amateurs de voile se retrouvent nombreux autour d’Isabelle. Une vidéo introduit son intervention : « Parcours de vie »

« Je ne parle pas de donneurs d’organe mais de « donneurs de bonheur » ! », commence-t-elle. Car derrière, il s’agit bien de la vie, d’une « seconde chance » que l’on offre au greffé. L’exemple du jeune chanteur Grégory Lemarchal, décédé en 2007 faute d’avoir pu bénéficier d’une greffe de poumons est édifiant.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en France, plus de 20 000 personnes sont en attente d’une greffe. Cœur, poumons, rein, foie, cornée, cordon ombilical… Seuls 5 000 patients en bénéficient chaque année. Et sur les quelques 24 000 organes qui pourraient être prélevés, seule la moitié le sont. À cela trois raisons : les obstacles médicaux, logistiques et… le refus des familles, souvent toute à leur douleur lors d’un décès, qui prime toujours pour l’instant pour des questions d’éthique (un amendement du projet de loi sur la santé porté par la ministre Marisol Touraine pourrait changer la donne s’il est appliqué. Les familles n’auraient alors plus leur mot à dire). Dans ce cas, « porter une carte de donneur dans son portefeuille peut permettre au corps médical d’engager la discussion avec les proches », suggère Isabelle Paucot. « Si vous décidez de devenir donneur, parlez-en à un maximum de personnes autour de vous », préconise-t-elle.
Dans l’assemblée, le brouhaha ambiant témoigne de l’intérêt soulevé. Un bénéficiaire interroge : « n’existe-t-il pas un fichier national qui permet de s’inscrire comme donneur potentiel ? »« C’est tout le contraire, répond Isabelle. Il s’agit d’un fichier où s’inscrivent les personnes qui ne souhaitent pas être prélevée ». Une autre participante demande : « que se passe-t-il lorsque la famille n’arrive pas à se mettre d’accord, que certains acceptent que leur proche soit prélevé et d’autres non ? ». Ce problème « récurrent » se solde toujours de la même manière : « c’est le refus qui l’emporte ».
D’autres aspects du don d’organes sont abordés, comme le don de son vivant, concernant essentiellement le rein. Un don principalement intrafamilial. L’infirmière conclut les échanges en proposant de renverser les rôles : « demandez-vous si vous seriez prêts, en cas de grave maladie, à recevoir l’organe d’un autre. Alors peut-être serez-vous prêts à donner ».

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