Inondations dans le Gard : une solidarité aux accents cévenols

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Après les inondations dans le Gard, Saïd et Yohan, agents Enedis à Montpellier, parcourent la vallée du Gardon pour rétablir le courant aux usagers. Photo : le 24 septembre 2020. ©Joseph Marando/CCAS

Trois jours après l’épisode cévenol du 19 septembre, qui a causé la mort de deux personnes et provoqué des inondations et des dégâts importants dans le nord du Gard, les hommes en bleu étaient sur le terrain, au plus près des sinistrés, pour rétablir le courant. Une intervention d’urgence doublée d’un élan de solidarité, documentés par notre photographe Joseph Marando.

Samedi 19 septembre. Depuis le début de l’après-midi, l’ensemble du département du Gard est en vigilance rouge pluie-inondation et crue. Le secteur des Cévennes est fortement touché, avec des zones parfois déjà inondées. Il tombera dans la région jusqu’à 450 millimètres d’eau au mètre carré en quelques heures.

Le Gardon, le Tarn, la Cèze et l’Hérault sont en crue sur leur partie amont. Les plans communaux de sauvegarde sont déclenchés dans plusieurs communes cévenoles. Dans le petit village de Saumane, au nord-ouest du département, de violents débordements ont lieu, le niveau de l’eau monte inexorablement au point d’atteindre la hauteur d’une vague de 6 mètres !

« La violence d’un oued »

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Ici, le réseau électrique qui passait sur le pont a été arraché par la crue. ©Joseph Marando/CCAS

Derrière son comptoir du café-restaurant le Panier fleuri, une institution locale, Patrick Bourgade, alias « Rouzigou », surveille. « Ce jour-là, le Gardon avait la violence d’un oued ! [du nom de ces cours d’eau des pays arides pouvant provoquer des crues très violentes lors des pluies, ndlr]. Je savais depuis trois jours qu’on allait y avoir droit. J’ai été vacataire au services des crues pendant vingt-sept ans. Les anciens nous l’ont dit : si les eaux de la Méditerranée se réchauffent au-delà de 28 degrés, la catastrophe devient inévitable dans le Var, l’Ardèche ou chez nous… Là, c’est tombé chez nous. »

Quand arrive la vague, ils ne sont pas trop de trois pour retenir la porte du bar et ainsi éviter que la crue ne plonge la cuisine du restaurant sous 1,5 mètre d’eau. Elle a tenu, préservant l’essentiel de la désolation. Mais lorsque enfin la rivière regagne son lit, l’étendue des dégâts se mesure à la pelle.

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Patrick Bourgade, dit « Rouzigou », a restauré les équipes d’intervention d’urgence durant la semaine. ©Joseph Marando/CCAS

Dans un grand élan de solidarité dont se réjouit Rouzigou – « toute la population de Saumane s’est mise au boulot pour enlever la boue et débarrasser » – tronçonneuses, tracteurs, mini-pelles, Kärcher et balais entrent en action pour faire disparaître les traces de l’inondation. Dans la foulée, les colonnes d’Enedis et les entreprises privées comme la Spie sont dépêchées sur la zone.

« Ils ont fait un travail remarquable pour rétablir le courant rapidement », témoigne Rouzigou, fier d’avoir pu les accueillir dans son restaurant (« À la fortune du pot ! »), comme les 50 volontaires (pompiers, secouristes, etc.) qu’il a également nourris pendant l’épreuve.

Les techniciens Enedis œuvrent au rétablissement du courant chez les habitants reconnaissants. ©Joseph Marando/CCAS

Son bonheur, c’est d’être là quand il le faut. Par exemple, quand il s’agit de préparer à manger aux agents Enedis en début d’après-midi ou tard le soir… Avec lui et sa femme Geneviève, aux fourneaux depuis quarante ans, la solidarité cévenole ne se dément pas, fondée sur des valeurs essentielles : bonté, fraternité et humilité.

« Rouzigou, tout le monde le connaît chez nous. Il nous rend bien service, même la nuit ! confirme Julien Chalier, 41 ans, chargé de travaux et de consignation à Alès. À chaque fois qu’on passe, il nous dit qu’on peut taper à sa porte. C’est pratique et agréable de se restaurer près de l’endroit où l’on travaille. On est sur place et on est plus efficace dans nos interventions. » Sans compter la qualité de la cuisine : « Rouzigou sert des produits du terroir. L’été, il nous fait d’excellentes grillades et que dire de ses omelettes aux cèpes fraîchement cueillis ! Dommage qu’il parte à la retraite à la fin de l’année… »

Les futurs repreneurs du Panier fleuri sont prévenus !


« Les interventions ont été très difficiles »

Deux questions à Julien Chalier, 41 ans, chargé de travaux et de consignation depuis trois ans à Alès.

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Julien Chalier, agent Enedis à Alès. ©Joseph Marando/CCAS

Comment s’est déroulée votre intervention ?

Le samedi, l’ACR (Agence de conduite régionale), basée à Nîmes, nous a envoyés effectuer les opérations de mise en sécurité d’urgence au départ de certains postes sources. Ces interventions ont été très difficiles, car tous les accès habituels étaient inondés ou impraticables à cause des éboulements ou des effondrements de routes. On a donc dû emprunter d’autres chemins comme les voies de défense des forêts contre l’incendie.

Les ordres de coupures sont dictés par l’ACR : ils concernent par exemple des portions de 20 000 volts (HTA), ce qui permet de mettre la ligne hors tension, et donc de la sécuriser lorsqu’elle est à terre ou qu’un arbre est tombé dessus. Durant le week-end, nous avons également remis l’électricité à Saint-André-de-Valborgne.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?

Des difficultés de communication ! Dans ces vallées encaissées, il y a de nombreuses zones blanches. Il suffit qu’une antenne-relais soit endommagée, et les communications deviennent impossibles. Dans ces situations d’urgence, être équipé de téléphones satellites permettrait de travailler de façon plus efficace, plutôt que devoir faire des kilomètres pour aller téléphoner de la mairie de Saumane ou de chez Rouzigou, ce qui nous fait perdre un temps très précieux.

 

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