Jeudi 14 décembre, une centaine d’agents des Yvelines se sont retrouvés au Domaine de Poncy, à Poissy, pour un repas convivial de fin d’année organisé par la commission Jeunes, actifs et sports. ©Marine Poron/CCAS
Jeudi 14 décembre, la Commission jeunes de la CMCAS Yvelines a rassemblé une centaine d’agents pour un repas de fin d’année, entre fête de famille et bouffe entre copains. Pour échanger, créer ou entretenir des liens durables, et remettre de l’humanité dans le travail.
Certains avaient réservé de longue date leur jeudi. D’autres se sont laissé entraîner par les collègues, parfois sans trop savoir à quoi s’attendre. Les équipes ont débarqué en bandes ou se sont rejointes après la tournée matinale. Certains ont juste fait un saut à la pause – c’est le jeudi que commencent les astreintes –, d’autres avaient carrément posé leur journée. Car, pour de nombreux agents des Yvelines, le repas des actifs de la CMCAS, qui a lieu depuis plus de quinze ans, est un véritable rendez-vous.
« C’est le seul rassemblement du département où on se voit tous, résume Pierre, 36 ans, technicien d’intervention polyvalent (TIP) chez Enedis à Carrières-sous-Poissy. On a le même métier, on bosse parfois dans des villes proches, mais on ne se rencontre pas. » Pierre est de ceux qui, dès le matin, se sont retrouvés à la base opérationnelle Enedis-GRDF de Carrières pour finaliser les derniers préparatifs. Avec six collègues membres de la Commission jeunes, actifs et sports de la CMCAS Yvelines, ils organisent ce 14 décembre le traditionnel repas de fin d’année, qui réunit une centaine d’agents des 18 sites de travail du département.
- À voir aussi sur Instagram
Le repas des actifs du 78 en vidéo
Les agents Enedis, GRDF ou encore RTE de tout le département des Yvelines se retrouvent tous les ans pour un repas de fin d’année, à l’initiative de la Commission jeunes. ©Marine Poron/CCAS
Cette année, les jeunes de la commission ont jeté leur dévolu sur le Domaine de Poncy, à Poissy, un lieu joliment arboré de chênes sur près de 15 hectares. Au programme de la journée, rien d’extravagant, mais du solide : un bon repas et un bon DJ –, celui-là même qui a ambiancé le stand Yvelines/Val-d’Oise au Festival d’Énergies, DJ Furious. Le tout pour une dizaine d’euros.
« C’est notre repas de Noël à nous, on y retrouve les copains, la famille. Et la famille, c’est important », résume Jean-Gabriel, 36 ans, ex-technicien GRDF, désormais TIP à Maurepas, et pompier volontaire. Après un automne rythmé par les astreintes d’Enedis et les astreintes pompiers, une Fire post-tempête en Bretagne et un renfort sur les inondations dans le Nord-Pas-de-Calais, il n’aurait raté le repas des actifs pour rien au monde.
Le repas des actifs permet aux agents des différents sites, services ou entreprises de se retrouver, de se rencontrer, et d’élargir leur cercle de connaissances. ©Marine Poron/CCAS
C’est là qu’il renoue avec la camaraderie du terrain, et qu’il renforce depuis presque dix ans l’amitié avec ceux qu’il ne fait plus que croiser, parce que les familles s’agrandissent. C’est là qu’il prend son temps avec ceux qu’il rejoint parfois en pleine nuit sur des interventions compliquées, là où les liens n’ont pas le temps de se créer mais où, justement, ils sont essentiels.
« On est sur des chantiers où la vie de chacun est importante. Il faut faire attention les uns aux autres, s’écouter et se parler. »
Alexandre, 28 ans, technicien d’intervention polyvalent à Carrières-sous-Poissy
C’est là aussi qu’il rencontre ceux qu’il côtoie chaque jour sur le réseau, sans jamais les voir, car ils le pilotent à distance. « On essaie toujours de parler un peu avec les collègues du Bex, raconte Martin, 28 ans, technicien électricité à Maurepas et membre de la Commission jeunes, qui fait référence au bureau d’exploitation, la véritable tour de contrôle du réseau. C’est important de garder un lien humain. Et on en a besoin sur le terrain. »
À Enedis, RTE ou GRDF, la sociabilité au travail est tout sauf accessoire. De même que la confiance, confient les techniciens. « On est sur des chantiers où la vie de chacun est importante, insiste Alexandre, 28 ans, TIP à Carrières. Il faut faire attention les uns aux autres, s’écouter et se parler. Ça peut passer par des amitiés. C’est ce qui fait de ce repas un super beau moment. »
Agent cherche lieu d’intégration et de sociabilité
Pour ne pas perdre le lien, et en créer d’autres, la Com’ jeunes des Yvelines rythme l’année à coups de moments festifs (soirée péniche, bus discothèque), sportifs (karting, quad, golf) ou récréatifs (parcs d’attraction), qui s’étalent parfois sur plusieurs jours (week-end au ski, voyages à l’étranger). Et elle gère entre autres, avec tous les bénévoles, le stand de la CMCAS au Festival d’Énergies, dont la dernière édition a d’ailleurs eu lieu cette année. Toutes les idées sont bonnes pour « faire kiffer » les agents, et pour favoriser la rencontre entre eux tous, quels que soient l’entreprise, le site de travail, le collège ou l’ancienneté.
Une manière de faire union pour faire force, là où certains divisent pour mieux régner. « Pour RTE, Enedis est un client, déplore Thierry, 31 ans, technicien contremaître groupement de postes à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) et membre de la Commission jeunes. Mais pour moi, ce sont des collègues de travail. »
Recréer des lieux et des moments de sociabilité fait partie des engagements de la Commission jeunes dans les Activités Sociales. ©Marine Poron/CCAS
D’aucuns regrettent aussi la raréfaction des événements conviviaux organisés par la hiérarchie au sein des agences. « Le lien des managers avec les équipes a changé : ils ne veulent plus forcément se mélanger avec les exécutants », suppose Régis Pigeon, 46 ans, trésorier de la CMCAS et correspondant de la SLVie de Magnanville. Un manque d’intégration diffus que beaucoup regrettent à mots couverts, y compris dans le travail. « Quand on arrive dans l’entreprise, on est un peu livrés à nous-mêmes, constate Pierre. Heureusement que des collègues sont venus vers moi quand j’ai été embauché. Je pense que l’intégration des nouveaux était plus naturelle avant. »
« Les collègues m’ont embarqué ! Je ne savais pas tellement à quoi m’attendre, mais je ne pensais pas qu’il y aurait autant de monde. »
Philippe, 20 ans, technicien postes sources (Ameps) à Saint-Quentin-en-Yvelines
Les Activités Sociales sont alors le seul refuge de la camaraderie, qui a déserté certains sites de travail. Et qui font des Industries électriques et gazières une grande famille. Pour Hedi, 31 ans, TIP à Magnanville, les activités de la Commission jeunes « sont vraiment une manière d’intégrer les nouveaux embauchés, de les informer sur leurs droits aussi. Car quand tu rentres dans la boîte, tu es complètement perdu à ce niveau ».
Et quoi de mieux qu’un verre ou un repas, au calme, pour sociabiliser (avec) les « petits nouveaux » ? « L’ambiance au boulot, c’est important », assure Philippe, 20 ans, tout juste embauché à la maintenance des postes sources (Ameps) à Saint-Quentin-en-Yvelines, après deux ans d’apprentissage. Il ne connaît personne au repas, à part son équipe. « Les collègues m’ont embarqué ! sourit-il timidement. Je ne savais pas tellement à quoi m’attendre, mais je ne pensais pas qu’il y aurait autant de monde. »
Le repas des actifs, véritable institution du département, a en réalité un peu plus de quinze ans. À l’origine, il était organisé au restaurant CCAS du site de distribution du Chesnay, non loin de Versailles. La fermeture du site à la fin des années 2000 a laissé les agents des Yvelines orphelins d’un lieu de rassemblement, mais n’a pas entamé le besoin de se rassembler.
Se créer des souvenirs ensemble, comme ici avec une borne photo aux couleurs de la Commission jeunes du 78, participe à se créer un avenir commun. ©Marine Poron/CCAS
De l’esprit d’équipe, de corps et de famille
De l’avis de nombreux agents, la « période Covid » a sans doute accéléré un mouvement de fond : la convivialité au travail est devenue moins évidente, et mobilise plus difficilement. Question de génération ? « Les anciens prenaient du temps pour se retrouver, un rien était prétexte à faire la fête, confirme Marianne Robuchon, 38 ans, présidente de la CMCAS et correspondante de la SLVie de Guyancourt. Mais contrairement à ce qu’on pourrait croire, les jeunes d’aujourd’hui ont aussi besoin de liens sociaux, de remettre de l’humanité dans le travail, et au-delà dans la société tout entière. »
La preuve ce jeudi 14 décembre, mais aussi quelques jours plus tôt, le 5 décembre, lors du non moins traditionnel repas des pensionnés, durant lequel les jeunes de la commission ont assuré le service pour les quelque 200 anciens du département, aux côtés des professionnels, élus et bénévoles de la CMCAS Yvelines.
Actifs ou pensionnés, les publics différents de la CMCAS apprécient la formule : un repas, de la musique pour danser, et surtout des activités « par et pour » les agents. ©DR & Marine Poron/CCAS
« Les jeunes ont un rôle capital à jouer dans leur propre émancipation », poursuit la présidente de la CMCAS. Ces temps d’échanges entre les agents de différentes entreprises sont vraiment au cœur de notre engagement de terrain dans les Activités Sociales, qui restent très souvent le seul lieu de mixité au sein des Industries électriques et gazières. » Un lieu de mixité, et de passage de relais.
C’est ce qui motive Rémy, technicien Enedis à l’ACR (Agence de conduite régionale), à organiser des activités par, pour et avec ses collègues. « Des rencontres comme celles-là donnent aux agents le sentiment qu’on est vraiment là pour eux, confie cet ancien de la Commission jeunes. Ça leur donne aussi envie de s’investir, de créer une cohésion et un esprit d’équipe. »
« Pour 2024, je souhaite qu’on arrête de prendre nos métiers pour quelque chose d’insignifiant. »
Karine, 46 ans, programmatrice Enedis à la CPA (pilotage d’activités) des Yvelines
L’esprit d’équipe et de famille qui plane sur les discussions et les rigolades n’est pas sans rappeler un certain esprit de corps, qui plonge loin ses racines dans l’histoire de l’énergie. Bien avant l’irruption du « team-building », ce renforcement d’équipe souvent livré clés en main aux entreprises, EDF-GDF formait ses agents dans les écoles de métiers, véritables lieux d’apprentissage des métiers, d’émancipation et de camaraderie. « Il y a toute une culture de ‘famille’ qui disparaît, s’attriste Karine, 46 ans, programmatrice Enedis à la CPA (cellule de pilotage d’activités) de Carrières. Et pour moi, c’est en partie lié à la disparition des écoles de métiers EDF, dont je suis issue. » Son souhait pour 2024 ? « Qu’on arrête de prendre nos métiers pour quelque chose d’insignifiant, que des prestataires pourraient tout aussi bien faire. Et qu’on remette en place les écoles EDF ! », clame-t-elle dans un sourire.
Alors que dehors s’égrènent les départs, ce jeudi 14 décembre, et que les accolades promettent des retrouvailles prochaines, à l’intérieur quelques agents se déhanchent encore au son d’un titre de Soprano, comme en clin d’œil à la nostalgie de Karine : « Fais-moi rêver, tous mélangés, unis on va très haut, unis on est trop beaux… »
La Com’ jeunes des Yvelines
► Suivre la Commission jeunes sur Facebook : @ComJeuneCMCAS78
► Suivre la Commission jeunes sur Instagram : @comjeunes78
Une partie de la Commission jeunes de la CMCAS Yvelines (de g. à dr.) : Thierry, Martin, Jérôme, Pierre, Jérôme, Rémy. ©Marine Poron/CCAS
