Christian Astolfi, auteur de notre monde emporté, choisi par la CCAS pour sa dotation lecture 2023 et pour animer les Rencontres culturelles estivales. ©Geoffroy Mathieu

Dans ce roman plein de poésie, Christian Astolfi conte l’histoire de la désindustrialisation à travers celle des chantiers navals de La Seyne-sur-Mer, et du combat d’hommes et de femmes empoisonnés par l’amiante. Un livre choisi par la CCAS pour sa dotation lecture 2023, récompensé par le prix Amila-Meckert 2023.

L’histoire

En 2015, les anciens salariés des chantiers navals de La Seyne-sur-Mer se retrouvent à Paris alors que le verdict du procès du scandale de l’amiante va être rendu. Nombre de leurs collègues sont déjà morts depuis la fermeture en 1989 de l’entreprise qui faisait vivre la commune varoise située au bord de la Méditerranée. C’est l’histoire de ces chantiers que Narval – embauché en 1972 – nous raconte, rendant ainsi hommage à Barbe, Cochise ou encore Mangefer.

« De notre monde emporté », de Christian Astolfi, éditions Le Bruit du monde, 2022.

►À lire en accès libre sur la Médiathèque des Activités Sociales et à commander sur la Librairie des Activités Sociales : 14,25 euros au lieu de 19 euros (tarif CCAS, frais de port offerts ou réduits, connexion au site ccas.fr requise).

Christian Astolfi : « Le travail est un des motifs qui m’animent en tant qu’écrivain »

En quoi écrire sur le monde du travail est-il important pour vous ?

Christian Astolfi – Le travail, sa nature, sa mise en œuvre, ses implications sociales, est un des motifs qui m’animent en tant qu’écrivain. Dans « De notre monde emporté », il s’agit du travail industriel, de la place fondamentale qu’il a eue jusqu’à la fin des années 1980 dans notre pays. Et comment son démantèlement a contribué à façonner le rapport actuel au travail.

Le roman est écrit à hauteur d’homme. Il s’incarne dans un collectif de camarades en lutte, les Chantiers navals de la Seyne-sur-mer, à un moment donné où la mondialisation s’impose, où la France désindustrialise, et où les choix politiques se font à l’encontre des attentes de la classe ouvrière.

Vous consacrez dans votre livre une part importante à la lutte pour la reconnaissance de l’amiante comme maladie professionnelle. Pourquoi ?

Le problème de l’amiante est d’abord une histoire personnelle. Il a touché une partie de ma famille. Quand je débute l’écriture du roman, ma première intention est d’être au plus près de ce que l’amiante fait au corps, comment elle le détruit. Puis rapidement, je m’aperçois qu’elle est partie prenante du processus d’industrialisation. Qu’elle est à la fois fée et démon, instrumentée par ceux qui font la loi dans ce monde industriel. Je décide alors d’en faire un personnage à part entière.

Comment les anciens salariés des chantiers navals ont-ils reçu votre livre ? Comment voyez-vous la rencontre avec les énergéticiens en vacances ?

J’ai fait une rencontre émouvante en librairie, à la Seyne-sur-mer, où des anciens des Chantiers étaient présents. Certains sont restés mutiques, la parole encore impossible à libérer trente ans après la fermeture des chantiers. D’autres ont raconté la camaraderie, la fierté, la lutte, la fin d’un monde qui avait fait sens pour eux. J’avais l’impression que mes personnages étaient sortis de mon livre pour exister en chair et en os dans la salle. Dans ces cas-là, l’auteur s’efface. J’imagine que les énergéticiens représentent encore ce rapport au travail où le collectif existe.

Des livres à lire, des auteurs à rencontrer

Tout l’été, retrouvez les livres de la sélection littéraire CCAS dans les bibliothèques de vos villages vacances, et rencontrez leurs auteurs au cours des Rencontres culturelles estivales.